Les mises en garde émises samedi par le commandant de la Misca (Forces africaines en Centrafrique), le général camerounais, Martin Tumenta Chomua, ne semblent produire, pour l'heure, aucun effet sur le terrain. Les violences et les exactions en tout genre se poursuivent toujours à un rythme effrayant à Bangui et dans sa proche banlieue. Le général camerounais Martin Tumenta Chomua avait, rappelle-t-on, menacé samedi les groupes armés de recourir à la force pour arrêter assassinats, lynchages et pillages. Ainsi, au moins 10 personnes ont été tuées hier lors de violences accompagnées de pillages à grande échelle dans la capitale centrafricaine. Cette nouvelle flambée de violence a, selon des témoins, commencé samedi soir aux abords de la mairie du 5e arrondissement, au centre-ville, avec cinq personnes tuées dans des circonstances non établies, puis trois autres dans des affrontements interreligieux, et une neuvième par des soldats de la force de l'Union africaine. Ce bilan a été confirmé sur place à la presse par Peter Bouckaert, de l'ONG Human Rights Watch, qui a également fait état, hier matin, du lynchage à mort d'une dixième personne près du marché central. C'est dans ce climat de violences que le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a entamé dans l'après-midi d'hier une tournée dans la région consacrée en grande partie à la crise centrafricaine. Il devait s'entretenir à n'Djamena avec le président Idriss Déby Itno, acteur militaire et politique majeur d'Afrique centrale, de la situation à Bangui, mais aussi de la réorganisation du dispositif français au Sahel, où l'armée tchadienne a combattu en première ligne aux côtés des Français lors de l'intervention au Mali début 2013. M. Le Drian devait se rendre ensuite au Congo, dont le président Denis Sassou Nguesso est médiateur dans le conflit centrafricain. Le ministre français de la Défense ralliera Bangui, mercredi, pour sa troisième visite depuis le 5 décembre, début de l'intervention française (opération Sangaris). La Centrafrique a sombré dans le chaos depuis la prise du pouvoir, en mars 2013, par Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Séléka devenu président, qui a été contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à mettre fin aux tueries interreligieuses. II a été remplacé le 20 janvier par Catherine Samba Panza, qui a effectué samedi et dimanche son premier déplacement à l'étranger, à Brazzaville où elle a rencontré Sassou Nguesso, médiateur dans la crise centrafricaine. «Le choix de Brazzaville pour ma première sortie est un symbole fort que je voulais marquer. Par gratitude et par devoir de reconnaissance, il fallait commencer par ceux qui nous ont accompagnés et qui nous ont aidés dans la résolution de cette crise», a déclaré Mme Samba Panza à la presse. En Centrafrique, «la situation est très difficile sur le plan sécuritaire. Sur le plan humanitaire, la situation est critique», a-t-elle ajouté. Et pour le moment, les événements ont prouvé que la situation dont elle parle lui échappe totalement.