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Présidentielle 2014 : un théâtre d'illusions
Point de vue
Publié dans El Watan le 11 - 02 - 2014

Plus de 80 formulaires de candidature à la Présidentielle ont été retirés au niveau du ministère de l'Intérieur. Cette profusion de candidats potentiels met en exergue la profondeur du discrédit du scrutin, échéance pourtant essentielle dans le système semi-présidentiel en cours. Le phénomène observé est significatif du dévoiement de la notion de citoyenneté, déjà largement escamotée par le trucage du vote. Cette inflation de candidats crée une première illusion autour d'un supposé engouement en faveur d'une élection pourtant jouée d'avance. Au lieu de se réjouir de cet «intérêt» pour la chose publique, il faut plutôt s'en inquiéter, et sérieusement. C'est la plus grande déconsidération pour cette élection, clé de voûte du régime institutionnel en place. Il n'existe nulle part au monde un phénomène se rapprochant de celui-ci. Dans ce jeu de rôles sur une scène de théâtre factice, la part belle revient au pouvoir qui peut se targuer d'être un champion du pluralisme en plus d'«un exportateur net de stabilité». Il ne peut, par contre, cacher la désacralisation de la fonction présidentielle dont témoigne cette multitude de candidatures. Cela ressemble à bien des égards à la multiplication de partis fondés spécialement à l'approche des dernières législatives. La stratégie du système est de phagocyter la classe politique pour éliminer toute velléité de résistance et, par conséquent, toute possibilité d'alternative à lui-même. Décidément, l'exception algérienne n'a pas de limites dans la création de chimères.
La guerre publique entre personnes du système, dont les «services» constituent le point d'achoppement, crée une seconde illusion. L'opinion peut croire qu'enfin, on se penche sur les questions essentielles concernant le DRS : la nature de sa mission, son objet et son rôle. En réalité, tout tourne autour d'un autre critère : à qui doit obéir cet organisme ? Plus trivialement, à qui doit-il prêter allégeance parce que, constitutionnellement, les choses sont claires ? Ce service de sécurité dépend du ministère de la Défense et du chef des armées, à savoir le président de la République. La multiplication des centres de décision depuis l'arrêt du processus électoral a mis à mal ce fondement que la lutte de succession accentue. Le mystère sur l'état de santé de l'actuel locataire d'El Mouradia se manifeste par un suspense insoutenable sur sa candidature éventuelle. L'absence de consensus sur deux points – la réforme constitutionnelle annoncée à cor et à cri durant deux ans et depuis sans cesse différée et quel candidat adouber pour la succession – crée publiquement des tensions et, concomitamment, amplifie les contradictions internes. Le brasier duquel doit s'échapper la fumée annonçant le consensus autour du candidat à plébisciter risque cette fois-ci d'embraser tout le pays.
Aussi, il est urgent d'agir pour la fin de ce régime et de ses logiques de légitimation. Ces luttes de succession au sein du système et le blocage institutionnel qui s'ensuit s'apparentent à des soubresauts qui annoncent la fin de l'ordre en place. C'est la voie de rupture qu'il faut soutenir de façon pacifique, mais dans une logique externe au système pour bâtir l'Etat civil démocratique.
La troisième et dernière illusion de ce prochain scrutin est de croire que parce que le régime est bloqué par l'incertitude bouteflikienne, l'élection d'un autre candidat, quel qu'il soit, amènera automatiquement le changement. C'est une erreur d'appréciation tragique. Quelquefois, le remède est pire que le mal. Du reste, l'on constate que, malgré les précautions d'usage, les blocs constitués, qui s'apprêtent à l'affrontement électoral, sont, hélas, perçus et vécus par une partie de l'opinion comme étant à base régionaliste et profondément rattachés au système. Vrai ou faux, en tout cas, jamais l'Algérie n'a été autant travaillée par les forces centrifuges qui vont dans le sens de la désunion nationale. L'instinct grégaire tient lieu d'engagement. La négation du droit puis le dévoiement de celui-ci sont les normes constitutives de cette non-citoyenneté, phénomène qui a élargi le divorce entre le peuple et les institutions étatiques. Ces dernières tournent à vide.
La nation ne se sortira de ce guêpier que si l'on met un terme à cette récurrente mascarade électorale faite de scrutins truqués qui fabriquent des légitimités usurpées. Ces dernières finiront par vider le pays de sa sève et le mèneront dans une impasse totale, sinon sanglante. Il est temps d'arrêter cette machine à broyer la citoyenneté en suspendant le processus électoral durant deux à trois ans, période où l'on mettra en place la phase de transition. Le peuple algérien doit exercer son droit à l'autodétermination en choisissant librement ses dirigeants et son projet de société. La Tunisie vient d'en montrer l'exemple. L'ensemble maghrébin en général et l'Algérie en particulier, parce qu'elle a des atouts autrement plus importants, doivent s'en inspirer. L'unique mission des démocrates et des républicains est de mettre en place un socle constitutionnel incontesté pour une légitimité incontestable. Elle est capitale pour le destin du pays.

Pour l'Initiative pour la refondation démocratique (IRD)
Badaoui Ahmed, Mira Tarik, Moula Ramdane, Ouazar Hamid, Si Mohamed Baghdadi
Alger, le 7 février 2014


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