Aux mendiants et SDF algériens, qui ont pris l'habitude de prendre place dans les rues et les trottoirs pour demander l'aumône aux passants, de misérables subsahariens (Nigériens, selon leurs dires) sont depuis un certain temps omniprésents dans les villes et villages de la wilaya de Jijel pour, à leur tour, mendier pour subsister. Des femmes, des petits enfants et des hommes, abandonnés à une misère inhumaine, ont pratiquement investi toutes les agglomérations du territoire de la wilaya à la recherche d'âmes sensibles à leur drame. Tendant la main aux passants, ils sont partout présents. Que se soit devant les mosquées, dans les marchés hebdomadaires ou dans n'importe quel autre endroit qu'ils choisissent pour mendier, ils sont à la merci d'une situation des plus pitoyables. Les vendredis, ils se donnent rendez-vous devant les mosquées dans l'espoir de grignoter quelques dinars aux fidèles. L'ampleur du phénomène devient banal, et l'on semble ne plus s'émouvoir de leur situation. Les scènes de bébés portés dans les bras de leurs mères, d'enfants dénutris à la corpulence chétive et de jeunes filles errant, pieds nus, d'un coin à l'autre dans les rues sont devenues un spectacle quotidien dans la wilaya de Jijel. Leur seul but est de trouver quoi manger pour apaiser leur faim. La nuit, on ne sait pas trop où ils vont, même si l'on peut deviner les conditions les plus insupportables dans lesquelles ils peuvent se retrouver en cet hiver impitoyable.