La seule chose qui reste à faire maintenant est de « disqualifier » l'élection présidentielle à travers une « abstention massive ». L'Algérie est dans une « impasse historique », a estimé Saïd Sadi, lors de son passage ce mardi au forum du quotidien Liberté. Et pour sortir le pays de cette situation, il faut aller vers une « phase de transition » durant laquelle le pouvoir politique sera confié à un « collège de personnalités nationales qui ne peuvent pas concourir à des postes de responsabilité ». Ce collège de personnalités se chargera de l'élaboration d'une nouvelle Constitution « consensuelle » avant de passer à l'organisation des élections présidentielle et législatives. L'ancien président du RCD a souligné que le pouvoir en place peut être associé dans cette démarche de dialogue national en tant que « partie » et non pas en qualité de « tuteur ou d'arbitre ». Saïd Sadi considère que le débat politique en cours actuellement dans le pays est « empoisonné ». Au lieu de focaliser sur « les garanties de transparence » du prochain scrutin, le débat est dirigé sur le quatrième mandat. « Le coup est parti le jour où l'on a violé la constitution pour permettre à Bouteflika de briguer un troisième mandat », a-t-il dit à ce propos. Il a rappelé que les députés du RCD, étaient les seuls au sein du Parlement algérien à s'être opposés à la levée de la limitation des mandats, opérée dans le cadre de l'amendement de la Loi fondamentale en 2008.
Candidats "fous" Selon lui, la seule chose qui reste à faire maintenant, est de « disqualifier » l'élection présidentielle d'avril prochain à travers une « abstention massive ». Les candidats doivent se « retirer » et laisser Bouteflika faire la course tout seul. Le chef de l'Etat sortant ne peut pas tenir le coup comme il l'avait fait en 1999, lors du retrait de sept candidats, parce que le contexte a changé, a-t-il expliqué. Faisant allusion à Ali Benflis, l'ancien président du RCD s'est dit étonné par l'attitude de certains candidats qui maintiennent leur engagement dans la présidentielle en dépit de la « confiscation des institutions par la tribu de Bouteflika ». Il a cité les ministères de l'Intérieur et de la Justices ainsi que le Conseil constitutionnel, dirigés par des proches de Bouteflika. Pour lui, il n'y que deux hypothèses pour expliquer le cas des candidats en lice actuellement : « soit ils ont obtenu des promesses de la part de ceux qui distribuent les quotas, ou bien ils sont fous ». Selon la lecture faite par l'ancien leader du RCD, il n'y a pas de conflit entre le président et le service de renseignements. « C'est le DRS qui a ramené Bouteflika et qui a bourrée les urnes pour lui. La Présidence et le DRS se sont mis d'accord sur la fraude et la corruption. Les différends entre les deux traitent uniquement du partage de la rente », a expliqué Saïd Sadi.