La population rurale est passée de 12,1 millions de personnes en 1998 à 13,3 millions d'habitants à fin 2005, a indiqué hier Rachid Benaïssa, ministre délégué auprès du ministre de l'Agriculture et du Développement rural chargé du Développement rural, qui était l'invité de l'émission « Questions de l'heure » de la Chaîne III. Ainsi, environ 1,2 million de personnes ont regagné le monde rural après l'avoir fui notamment en raison de la dégradation de la situation sécuritaire. M. Benaïssa a estimé que l'augmentation de la population rurale est un signe que « la tendance est à la stabilisation et au retour de ces populations ». La mission de son département est d'accompagner et de consolider ce mouvement, a-t-il souligné. Il a signifié dans la foulée que l'époque de l'assistanat est révolue. Pour lui, l'heure est à l'accompagnement qui doit s'opérer grâce au changement des mentalités. « Il faut se mettre dans la logique d'accompagnement et d'intégration dans les dispositifs développés par tous les secteurs. Nous ne voulons pas avoir en face de nous des assistés mais des acteurs », a-t-il dit en substance. Cette démarche est confrontée, a-t-il signifié, à un problème de fond en raison de la méconnaissance dans le monde rural des différents dispositifs en matière de fiscalité, d'aides, de soutien et d'assurance développés par l'Etat dans toutes ses composantes. « Au niveau du monde rural, on ne connaît pas beaucoup ces dispositifs dont on parle beaucoup dans les centres urbains », a-t-il affirmé à ce propos. Dans ce contexte, M. Benaïssa a plaidé pour la mobilisation de la société civile. Il a signalé que le problème d'encadrement de l'administration a été résolu avec la création, février dernier, d'une commission pour le développement rural qui implique vingt départements ministériels et trois grandes institutions. M. Benaïssa a annoncé le lancement de trois grands programmes. Le premier a trait à la modernisation des ksour et des villages et l'amélioration des conditions de vie. Il y est question notamment de l'élimination de l'habitat précaire et des bidonvilles. Le deuxième est lié au renforcement de la diversité économique en milieu rural. « Nous nous sommes rendu compte que la structure de l'emploi dans le milieu rural est très fragile et est souvent liée ou à l'agriculture ou à l'administration », a relevé à ce propos le ministre délégué. Le troisième programme concerne, toujours selon la même source, la revalorisation des ressources naturelles mais également des patrimoines ruraux, bâtis matériels et immatériels. « Ces trois programmes combinés pourraient créer une dynamique. S'agissant du financement de ces programmes, nous travaillons sur ce qui a déjà été mobilisé dans le cadre de la loi de finances de 2005 et le plan de consolidation de la croissance économique de 2005 à 2009. Le problème n'est pas dans l'idée mais dans le montage intersectoriel », a précisé Rachid Benaïssa. Ce dernier a rappelé que « la politique de développement rural est destinée à l'aménagement de 979 communes où le taux d'urbanisation inférieur à 50% et où la densité humaine au kilomètre carré est inférieure à la moyenne de la région où se trouve la commune et d'une grande partie des autres populations des 562 autres communes que compte le pays ». Pour ce qui est de la nature des projets identifiés par la population et qui sont au nombre de 9200, l'invité de la radio nationale a indiqué qu'il s'agit, entre autres, d'activités agricoles, artisanales, touristiques ainsi que d'actions de désenclavement et pour faciliter l'approvisionnement en eau. Près de 3 milliards de dollars sont dégagés annuellement pour les espaces ruraux et ce hors des programmes spéciaux pour le Sud et les Hauts Plateaux.