Partout dans le monde, la réglementation en matière de banque et d'assurance a changé ou est en train de changer. Les frontières entre ces deux secteurs s'estompent. C'est en fait le nouveau secteur de convergence qui connaît une frénésie à la mesure de la demande exprimée par une clientèle de plus en plus nombreuse et des besoins suscités par une industrie des services en forte croissance. Cette problématique se pose différemment en Algérie même si elle épouse des contours quelque peu identiques. Il faut reconnaître cependant que, chez nous, la finance est en pleine mutation. Pour preuve, en l'espace de trois années, les pouvoirs publics ont procédé à la refonte des trois principaux textes qui régissent les activités bancaires (ordonnance 03-11du 26 août 2003), boursières (loi 03-04 du 17 février 2003, modifiée et complétée relative à la bourse des valeurs mobilières) et les assurances (loi 06-04 du 20 février 2006 relative aux assurances). Si la convergence est totalement réalisée entre la banque et la bourse à travers la gestion (tenue de compte) et la négociation (intermédiation des banques pour les opération de bourse) des produits boursiers (actions, obligations) dans les agences bancaires, elle ne semble pas constituer à juste titre une préoccupation urgente pour les opérateurs sur ces marchés. La bancassurance puisque c'est de cela qu'il s'agit permet à un distributeur qui est en l'occurrence la banque de vendre à sa clientèle les produits du secteur des assurances qui jusque là étaient commercialisés uniquement par les compagnies d'assurances et inversement. Les promoteurs de cette forme de convergence se sont aperçus que les produits de secteurs différents fonctionnent mieux s'ils sont distribués ensemble que chacun de son coté. Cette convergence se produit lorsque chacune des composantes accroît la valeur marginale de l'ensemble. Les banques en général disposent d'un réseau plus fourni que celui des assurances avec une clientèle fidélisée et plus attentive à leur conseil. L'association des produits bancaires avec ceux des assurances même si elle n'est pas aussi simple ni évidente a été rendu possible grâce à l'absence de distorsions de concurrence, à l'absence de discriminations des produits de l'assurance et à l'absence de casse des prix. Qui plus est, les activités de banque et d'assurance se positionnent sur des segments complémentaires ne serait ce que sur le point de la sensibilité aux cycles économiques. Pour les risques, on trouve dans les deux activités une forte sensibilité à la solvabilité quoique le mécanisme de mesure des risques de solvabilité reste différent. Là ou le modèle de la bancassurance à réussi et ils sont nombreux les pays qui ont adopté ce concept, il existait une forte culture pour l'assurance et donc un engouement des consommateurs pour cette nouvelle forme de distribution de produits qui ne fait pas appel à la vente directe par les prestataires. La gestion des produits d'assurance vie par exemple est identique sur plusieurs paramètres à la gestion des produits d'épargne bancaire d'autant que la distribution d'un produit nouveau par le réseau bancaire se fait à coûts fixes pratiquement constants. Seulement pour pouvoir distribuer des produits d'assurance vie, il faudrait qu'il y ait preneur. Et c'est là sur ce segment que la bancassurance en Algérie n'est peut être pas pour demain lorsqu'on connaît l'aversion que les consommateurs algériens nourrissent à l'égard de cette couverture. La nouvelle législation relative aux assurances a bien pris la mesure de l'assurance de personnes qui s'insère parfaitement dans les prescriptions du code de la famille et si la disposition est bien comprise et savamment utilisée dans les plans de communication, elle peut constituer un nouveau filon pour les compagnies d'assurance qui sont empêtrées dans l'assurance de dommages et qui ne peut pas en l'état actuel du fonctionnement de ces compagnies et des banques pousser à la convergence. L'évolution conduira très certainement à la bancassurance dans un horizon plus ou moins rapproché lorsque les banques et les compagnies d'assurances auront peaufiné leurs stratégies en terme de maîtrise du métier, de qualité de service et d'offre de produits dans un environnement concurrentiel et surtout compétitif.