Nous comptons investir 12 milliards de dollars pour réaliser 14 usines de dessalement d'eau de mer, à l'horizon 2009 », a annoncé Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, hier à Tizi Ouzou, lors de l'ouverture des journées d'études sur « Les potentialités hydriques et les retenues collinaires » à l'Assemblée populaire de wilaya. Il a précisé que la priorité est à la mobilisation de l'eau superficielle estimée actuellement à 5,2 milliards de mètres cubes. Mais en 2009, elle atteindra 7,5 milliards de mètres cubes. Pour ce faire, « 12 barrages sont en cours de réalisation, livrables entre 2006 et 2007, alors que 5 seront lancés incessamment pour atteindre près de 70 barrages à travers le territoire national », indique-t-il. M. Sellal a annoncé pour fin juillet une opération de transfert d'eau à partir de 48 forages de Aïn Salah vers Tamanrasset sur une distance de 750 km avec un coût de 1,2 milliard de dollars. Quant à la wilaya de Tizi Ouzou, l'on apprend que le transfert d'eau de Taksebt vers Fréha et Azazga, pour un montant de 2,9 milliards de dinars, sera opérationnel en fin 2006, alors que le sud de la wilaya de Tizi Ouzou sera alimenté à partir du barrage de Koudiat Acerdoune (situé dans la wilaya de Bouira, d'une capacité de 750 millions de mètres cubes). « Les travaux ont été confiés et le timing sera respecté. L'ordre de service de la première tranche de ce projet a été remis il y a un mois. La deuxième tranche concerne le transfert d'eau vers Médéa, Boughezoul et Bouira avec un coût de 35 milliards, sur 300 km », souligne le ministre, en affirmant que le barrage de Taksebt n'est pas pollué, mais il sera protégé et à terme interconnecté avec Koudiat Acerdoune. Quant à celui de Souk N'tlata (sud de Tizi Ouzou), « nous avons eu, dans la loi de finances complémentaire, un crédit pour achever son étude et régler le problème d'expropriation et il sera lancé fin 2006 », affirme-t-il, reconnaissant des problèmes de financement. Au sujet des retenues collinaires, dont la gestion est plus que problématique après le désengagement de l'Etat, le ministre des Ressources en eau rappelle qu'une circulaire interministérielle a été élaborée pour la création des groupements professionnels d'irrigation (GPI), composés d'agriculteurs et d'exploitants. Sur les 800 retenues réalisées par le passé, seules 500 restent en fonction. En ce sens, 80 millions de dinars ont été engagés pour leur maintenance, apprend-on. Aussi, 5 SPA seront créées pour la gestion des cinq plus grands barrages du pays et du transfert de leur eau, alors que la gestion des périmètres d'irrigation sera confiée à l'Office national de l'irrigation et du drainage. En matière d'assainissement, M. Sellal indique que « en réglant le problème de l'assainissement, nous réduirons les dépenses dans le secteur et récupérons 650 millions de mètres cubes d'eau. Cela représente l'équivalent de 8 à 12 barrages. Pour ce faire, plus de 70 stations d'épuration sont soit en cours de réhabilitation, soit de réalisation ou d'étude ». Abordant le problème de gestion de la distribution de l'eau, sans cacher son mécontentement, le ministre annonce « la prochaine délégation de la gestion de l'eau, comme cela s'est fait à Alger, pour les villes de Annaba, Oran et Constantine pour lesquelles la procédure est prête. Viendra peut-être le tour de Tizi Ouzou ». Rappelant que la vétusté du réseau et son mauvais état causent la perte de 20 à 40 % de la ressource, alors que le piratage et la connexion illégale au réseau coûtent entre 10 à 12 % à l'organisme de gestion, M. Sellal indique que « les gens ne paient pas l'eau à son prix réel ». « Plus de la moitié des 1541 communes existant ne paient pas l'eau ou paient entre 1000 et 1200 DA annuellement », conclura-t-il.