Le conseil de l'ordre des architectes (CLOA) de Béjaïa a réagi, à travers une déclaration rendue publique, à l'annonce des programmes de logements lancés massivement à travers tout le pays en études et réalisations. En avant des préoccupations manifestées dans cette déclaration qui a sanctionné une assemblée générale des adhérents de Béjaïa, la maîtrise d'œuvre revient comme un leitmotiv. La déclaration rapporte ainsi «une inquiétude et un désarroi» générés par le recours systématique aux appels d'offres en études et réalisations des opérations de logements émis par les organismes dépendant du ministère de l'habitat. Si, fait-on remarquer, jusque-là, l'architecte a répondu, conformément à la circulaire 94 /07 pour parer aux «urgences que sont de répondre aux besoins des citoyens», ces recours «dérogeant à la loi, déconsidèrent l'architecte», s'insurge-t-on. Le mode d'attribution est décrié, en dépit du caractère massif des projections. La maîtrise d'œuvre est estimée primordiale. Et pour ce faire, l'ordre des architectes préconise de «dissocier» les missions de responsabilité de l'architecte, «définies par la loi comme étant d'intérêt public» de celles de l'entreprise de réalisation. En ce sens, le CLOA de Béjaïa confie qu'il n'a été sollicité pour aucune concertation dans cet exceptionnel programme de construction. Il veut avertir sur une conséquence de l'éventuel dédoublement de la «short list» d'entreprises par celle «d'une minorité d'architectes affairistes». Le CLOA craint en cela une démarche qui risque d'hypothéquer les aspects architectural, urbanistique et environnemental. Autrement dit, le CLOA en appelle à l'Etat pour ne pas se désengager dans le choix des maîtres de l'œuvre «quant il est de sa responsabilité d'assurer, dans le respect de la loi, les meilleures conditions de transparence à l'accession à la commande publique par l'ensemble des architectes». Il suggère, entre autres, d'organiser les grandes opérations en une «somme de petits programmes dont se chargeront par conséquent plusieurs architectes, dans un souci de meilleure maîtrise de l'œuvre et de la nécessaire diversification».