Les ateliers s'accordent sur la nécessaire émergence d'une architecture de qualité en agissant en amont de la maîtrise d'œuvre. Nous n'avons pas su faire notre métier. » C'est le constat fait par M. Ladjouze, président du CLOA, le conseil de l'ordre des architectes d'Alger, devant ses confrères de la wilaya de Béjaïa, réunis, le week-end dernier, pour deux journées d'étude par l'union locale de la corporation. La responsabilité dans les dégâts causés au cadre bâti et à l'espace non bâti engage, selon M. Ladjouze, les architectes en premier chef car, argue-t-il, un dossier de construction n'est ficelé qu'une fois la griffe de l'architecte apposée. Même si les carences se situent à plusieurs niveaux d'intervention dans le secteur de la construction. Le président du CLOA estime que pour instaurer un environnement favorable, il y a lieu de se demander si les instruments d'urbanisme, des textes mis en place depuis 10 ans, sont toujours fiables, s'il y a manquement chez l'architecte et si l'autorité de l'Etat dans la projection et la conduite de l'œuvre n'est pas absente. A un deuxième palier, il serait urgent d'intervenir sur la formation de l'architecte. Celle-ci, constate-t-on, exclut la culture de la société. Et le côté artistique n'imprègne plus l'esprit des programmes depuis 1975, après le déménagement des beaux-arts vers l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme (EPAU). La durée et le contenu des cursus sont jugés insuffisants. Leur révision est par conséquent souhaitée. Au niveau de la contraction de projets, nombreux sont les architectes, notamment les débutants, qui, dénonce-t-on, se voient rejeter les soumissions pour défaut de moyens financiers et matériels. De ce fait, le nombre d'architectes contraints au chômage atteint les 2000 au niveau national. Le préalable financier et technique est « incompatible », a-t-on par ailleurs objecté, avec les lois du marché libre, étant donné que le soumissionnaire a la possibilité de solliciter un prêt bancaire ou un partenariat. La priorité dans les qualifications aux projets doit, conclut-on à ce titre, être donnée à la seule qualité architecturale. M. Djemaï, président du conseil local de l'ordre de Béjaïa, préconise quant à lui de consacrer la primauté de l'œuvre dans le code de déontologie et de la responsabilité, de façon à ne pas laisser d'échappatoire. Il faut ensuite permettre à la corporation d'avoir un droit de regard sur le paysage architectural mis en place. Le comité d'architecture et d'urbanisme de la wilaya existe fait part M. Djemaï, mais la consultation est réduite à sa plus simple expression. Dans le chapitre des résolutions, les ateliers s'accordent sur la nécessaire émergence d'une architecture de qualité en agissant en amont de la maîtrise d'œuvre, principalement sur les facteurs suivants : activation des comités d'architecture d'urbanisme et de l'environnement, mise en place d'un dispositif assurant les meilleures conditions d'élaboration et d'approbation des POS et PDAU, réglementation de l'aménagement à introduire dans les missions de l'architecte, accord de délais plus adaptés à la maturation des projets. C'est toute cette intelligence conjuguée, dira M. Djemaï, qui arrêtera la défiguration du paysage architectural de nos villes et villages. Et ce n'est qu'avec un tel nouvel état d'esprit que nos architectes arrêteront de tirer vers le bas pour arracher des contrats.