Trois jours de deuil national ont été décrétés en Espagne pour rendre hommage à Adolfo Suarez, premier chef de gouvernement de la démocratie et figure emblématique de la transition après la dictature franquiste, mort dimanche à l'âge de 81 ans. Valence De notre correspondant C'est sous son gouvernement que seront adoptées les principales réformes ayant permis à l'Espagne de tourner la page de la dictature : la légalisation de tous les partis, y compris celle, controversée, du Parti communiste, l'amnistie des prisonniers politiques et la rédaction puis l'approbation par référendum, le 6 décembre 1978, de la Constitution. Fils d'un républicain d'origine modeste, diplômé en droit, Adolfo Suarez était devenu l'un des cadres du franquisme. A la mort de Francisco Franco, le 20 novembre 1975, son dauphin désigné, le roi Juan Carlos, accède au trône. En juillet 1976, il le nomme à la tête du gouvernement. Héritier du franquisme, Adolfo Suarez fut aussi l'une des personnalités emblématiques de la délicate période de transition. Atteint depuis une dizaine d'années de la maladie d'Alzheimer, celui qui dirigea le gouvernement espagnol de 1976 à 1981 aura passé ses dernières années à l'écart du monde. Dans un message télévisé, le roi d'Espagne Juan Carlos a aussitôt salué «un collaborateur exceptionnel» exprimant sa «grande douleur» et sa «gratitude profonde» pour celui qui a mené, à ses côtés, l'Espagne vers la démocratie après la mort de Francisco Franco en 1975. Vendredi, Adolfo Suarez Illana avait annoncé que l'état de santé de son père s'était aggravé et que le décès était «imminent», évoquant un délai de survie de 48 heures. «Adolfo Suarez est mort», a déclaré dimanche le porte-parole de sa famille, Fermin Urbiola, aux médias massés devant la clinique Cemtro de Madrid, où l'ancien chef de gouvernement était hospitalisé depuis lundi dernier pour une infection pulmonaire. Né le 25 septembre 1932 à Cebreros, dans la province d'Avila, dans le centre de l'Espagne, père de cinq enfants, Adolfo Suarez avait perdu sa femme, Amparo Illana, en 2001, puis une fille en 2004. Des funérailles nationales sont prévues dans la semaine dans la cathédrale de La Almudena à Madrid.