L'évasion fiscale recensée à travers la multiplication du travail au noir porte un gros coup à l'économie algérienne, en particulier au jeune secteur privé qui respecte « les règles du jeu ». Des milliers de travailleurs ne sont pas déclarés, certains commerçants n'ont aucune domiciliation échappant ainsi aux impôts. Quotidiennement, des magasins en habillement sont déloyalement concurrencés par des vendeurs à la sauvette qui finissent par se sédentariser. Les commerçants de Bab El Oued et de Belcourt côtoient, à longueur de journée, des vendeurs qui proposent, juste à côté d'eux sur des étals de fortune, des produits à des prix défiant toute concurrence. Le constat est analogue dans les autres grandes villes du pays. La direction de la concurrence et des prix de la capitale a opté pour un remaniement structurel du marché afin d'endiguer le phénomène du marché informel. Après enquête, il s'est avéré que la plupart des vendeurs sédentarisés tels ceux de Bab El Oued, mais qui agissent dans l'illégalité ne demandent pas mieux que d'être déclarés. « A partir du moment où on leur fournit les étals et les commodités nécessaires pour vendre », précise le directeur du commerce de la wilaya d'Alger, M. Lamari. Les services de la direction de la concurrence ont ainsi répertorié 96 marchés informels sédentarisés dans lesquels activent 7097 commerçants. « Il faut d'emblée reconnaître que ces vendeurs répondent à une demande citoyenne. Demande que les autorités locales n'ont pas prise en compte. Les conséquences sont le développement du commerce avec étals et vendeurs à la sauvette », explique M. Lamari. Des mesures ont été prises et qui prévoient de « réorganiser ces marchés en aménageant un espace accessible qui offre toutes les commodités pour le commerçant », poursuit le directeur. Leur étude a permis de dégager 124 sites et deux projets sont en cours de finalisation. Il s'agit du site de Bab El Oued, où deux espaces ont été aménagés avec 500 étals. Bab Ezzouar devrait également voir deux marchés à proximité de cités, remplacer ses marchés informels. M. Lamari précise, à ce sujet, que 13 milliards de centimes ont été débloqués au service des autorités locales pour ces opérations qui devraient, pour certaines, aboutir à la mi-janvier. Aux fins de vérification, un cahier des charges sera tenu « car des clauses doivent être respectées », précise le directeur. En effet, les étals resteront la propriété de la commune et il incombera au commerçant de payer la location. D'autres projets circulent dans l'enceinte de la direction de la concurrence et font l'objet d'études telle l'instauration de marchés ambulants ou hebdomadaires. « Quand on a construit des cités, nous avons pensé à y joindre à proximité des écoles, les services du gaz, de l'électricité, mais très souvent les premiers commerçants sont à des kilomètres. C'est ce qui a favorisé les marchés informels », argumente le directeur. Selon lui, ce coup porté à l'économie algérienne ne devrait plus constituer qu'un mauvais souvenir.