L'Algérie et le Maroc représentent pour les puissances occidentales les deux partenaires régionaux les plus stables pour lutter contre le terrorisme dans le Sahel et l'Afrique de l'Ouest. La visite du leader de la diplomatie américaine, John Kerry, à Alger puis à Rabat, ne manquera pas, une nouvelle fois, de raviver la rivalité entre les deux pays. «Historiquement, le Maroc a toujours été considéré par les Etats-Unis et les autres pays occidentaux comme un allié important», note Imad Mesdoua, analyste politique. Seulement, pour une spécialiste de la région du Sahel : «L'Algérie constitue un allié attractif pour les Etats-Unis et les puissances occidentales de par son rôle majeur dans la lutte contre-terroriste dans la région.» La lutte contre le terrorisme mondial, que les Etats-Unis et ses alliés occidentaux ont érigé en objectif absolu, est une nouvelle donne qui modifie les équilibres géopolitiques dans la région. Pour Imad Mesdoua : «La guerre contre le terrorisme a sorti l'Algérie de la relative isolation dans laquelle elle était plongée dans les années 1990.» Et de poursuivre : «L'expertise de l'Algérie en matière de sécurité régionale, particulièrement dans le domaine du contre-terrorisme et de l'intelligence militaire, était appréciée et reconnue par le Pentagone durant l'ère Bush. Plus récemment et à l'approche de l'intervention au Mali, plusieurs responsables occidentaux voulaient que l'Algérie joue un plus grand rôle de leadership dans la région.» Le contrôle du Sahel passe ainsi par une collaboration accrue avec l'Algérie. Inquiétude Face à ce retour de l'Algérie dans les affaires internationales, le Royaume chérifien a montré plusieurs signes de nervosité. Récemment, alors que le Maroc et la France sont en froid diplomatique en raison d'une saga judiciaire où un haut responsable marocain a été accusé de torture par plusieurs personnes auprès de la justice française, plusieurs médias marocains ont accusé François Hollande de privilégier sa relation avec Alger. «Le Maroc semble très inquiet de la relation d'amitié grandissante qui lie l'Algérie aux Etats-Unis et à ses alliés occidentaux», révèle la chercheuse spécialiste du Sahel. Seulement, si Alger approfondit ses relations avec les puissances occidentales, c'est la question du Sahara occidental qui pourrait s'en trouver altérer, laquelle est «primordiale pour le Maroc», précise Imad Mesdoua. Pour la spécialiste de la région : «Il n'est pas dit que le rapprochement avec l'Algérie ne soit un facteur dégradant les relations occidentalo-marocaines.» Pourtant, le makhzen a déjà commencé un redéploiement stratégique dans la région. En effet, le mois dernier, le roi Mohammed VI a multiplié les visites d'Etat remarquées dans les pays du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest, en particulier au Mali. «Dans le Sahel où le Maroc tente actuellement de se positionner comme partenaire stratégique, comme en témoignent les nombreuses visites d'Etat remarquées du roi Mohammed VI. Le Maroc souhaite utiliser ce nouveau statut dans le dossier du Sahara occidental», selon Imad Mesdoua. Un jeu diplomatique dangereux et qui n'est pas pour apaiser les tensions, puisque l'Algérie a toujours tenu à sa «prééminence sahélienne.»