Situé à 12 km de Mostaganem, le douar Aïzeb a la curieuse particularité de relever administrativement de la commune du chef-lieu de wilaya. Un anachronisme qui dénote de la grande désinvolture avec laquelle a été opéré le découpage administratif. Bâtie sur la minuscule plaine alluviale née de l'excroissance de l'embouchure du Chélif et s'étalant sur le flanc du Djebel Eddis, l'agglomération tire sa subsistance de la pratique de la pêche artisanale, du maraîchage et du commerce du sable. Cette dernière activité, étant la plus lucrative, n'aura profité qu'aux audacieux qui se sont attaqués à l'immense dune de sable qui surplombe l'étroite vallée. L'agriculture jadis florissante commençait à péricliter à la faveur de la construction d'une méga usine de dessalement d'eau de mer, dont la capacité nominale de 200.000 m3/j devrait couvrir les besoins de la population des wilayas de Mostaganem, Relizane et Mascara. Depuis le lancement du chantier en 2007, jamais cette usine n'a su s'attirer les bonnes grâces des dizaines de chômeurs locaux qui avaient, à maintes reprises, exigé d'être recrutés. Mais le plus cocasse dans cette histoire, c'est cette revendication de la population qui vient, encore une fois, de procéder à la fermeture de la RN11. En effet, parmi les doléances, figure un meilleur accès à l'eau potable. Alors que sur les terres du douar, on trouve non loin du hameau Amarna, situé sur partie est de l'agglomération, une station de traitement des eaux du Cheliff, d'où plus de 25.000 m3 partent quotidiennement alimenter la ville d'Oran ; à l'opposé, sur la bande côtière qui jouxte l'immense plage du Cheliff, se dresse la grande usine de dessalement et ses supposés 200.000 m3/j. Pris en tenaille entre deux unités qui brassent pas moins de 230.000 m3 d'eau potable par jour, le millier d'habitants de Aïzeb n'en finit pas de se plaindre de la distribution parcimonieuse, voire de l'indisponibilité de l'eau potable ! Les manifestants, qui ont encore une fois bloqué la circulation sur la RN11 à l'aide de pierres et de pneus usagers, se sont également plaints de la non-publication de la liste des bénéficiaires du logement rural, exigeant, par ailleurs, un aménagement des pistes et venelles qui relient les habitations éparses. Même le chemin qui mène à l'immense plage du Chéliff – qui s'est transformé en véritable lieu de repli pour les familles mostaganémoises –, dont le dernier bitumage remonte à l'ère coloniale, attend qu'une main généreuse lui octroie cette petite enveloppe qui la sortira du moyen âge. Il en est de même du sentier boueux qui longe la rive droite du Chéliff et qui attire, en plus des pêcheurs du coin, une multitude d'amateurs de grands espaces. A eux seuls, ces deux sentiers pourraient aider de nombreux jeunes chômeurs à trouver un emploi, pas seulement saisonnier ; le site offrant un paysage absolument féérique avec l'embouchure et les belles dunes de sable jaune qui bordent la plage. Comme quoi, avec un peu d'attention, l'agglomération pourrait attirer des visiteurs durant toute l'année, pour peu que l'APC de Mostaganem daigne tourner son regard vers l'est.