Le monde agricole dans la wilaya de Annaba est secoué par une multitude d'affaires qui risquent de se répercuter négativement sur les bons résultats enregistrés dans la production des différentes spéculations. Le mouvement de colère de plusieurs agriculteurs, observé lundi dernier devant le siège de la Chambre d'agriculture, en est une illustration. Il met clairement en cause des élus de cette chambre et des membres du comité de gérance de la Coopérative agricole spécialisée en cultures industrielles (CARSI) Lalaymia Lakhdar. Actuellement sous le coup d'une instruction judiciaire, ils sont impliqués dans différents actes de malversations sur lesquels ont enquêté les services de la Gendarmerie nationale. Ils auraient profité de leur qualité de membres du Conseil de gestion installé depuis le 6 décembre 2001. Dans la wilaya de Annaba, le secteur de l'agriculture connaît ces derniers mois une certaine embellie en matière de rendement. Il n'en est pas de même dans le domaine de la gestion du patrimoine de l'Etat. Que ce soit pour le foncier, l'immobilier ou les équipements et matériels, la dilapidation et le détournement se sont transformés en un quotidien. Les conséquences n'ont pas tardé. Elles se sont répercutées sur les travailleurs de la terre, dont les producteurs des céréales et ceux de la coopérative Lalaymia. Emblématique, le mouvement des agriculteurs a touché l'ensemble des communes. Il n'aura pas désarmé tout au long de ces derniers jours. Mais, au-delà de ceux qui, pour la énième fois, manifestaient contre les animateurs de la Chambre d'agriculture et les responsables de l'OAIC, réclamant des mesures d'urgence qui les sauveraient d'un délabrement généralisé, c'est la gestion des chambres et du patrimoine agricole qui est remise en question. Dans une wilaya symbolique en matière de production céréalière qui, selon le directeur de l'agriculture, cumule de manière exacerbée les problèmes, l'heure est à la justice, aux saisies bancaires et à la location sous des formes douteuses du patrimoine de la Coopérative agricole spécialisée en cultures industrielles (CARSI) Lalaymia Lakhdar. Riche d'un patrimoine foncier et immobilier qui s'étend sur les wilayas de Annaba, El Tarf, Guelma et Skikda, cette coopérative est actuellement en butte à de grandes difficultés. Plus d'une centaine de travailleurs de la coopérative n'ont pas perçu leur salaire depuis des mois. Le dépôt de plainte déposé à leur encontre par la wilaya de Annaba porte sur la mauvaise gestion, la location dans l'illégalité des infrastructures et la dilapidation des biens de l'Etat. Des poursuites judiciaires auxquelles s'ajoutent la saisie et vente du matériel de production par la BADR, la disparition des matériels agricoles dont des tracteurs, la cession des infrastructures agricoles à des personnes sans relation avec l'activité agricole, la location des unités de transformation de tomate à Annaba et El Tarf (Tabacoop - Cotocoop- Labourcoop-Conserveries de Ben M'hidi-Bouteldja- Dréan). Dans la wilaya de Annaba, s'accumulent en effets les records sinistres d'affaires scabreuses impliquant un grand nombre d'élus à la chambre d'agriculture, dont l'ancien et le nouveau présidents. Avec la fermeture de plus d'une dizaine d'unités de transformation de tomate industrielle, la disparition de plusieurs centaines d'hectares destinées à la culture de cette spéculation, Annaba s'est transformée en un laboratoire où s'affrontent des agriculteurs en crise et des nouveaux riches. Dans l'entourage du directeur de l'agriculture, on craint que cette nouvelle révolte des exclus contre les inclus, des défavorisés contre les privilégiés, ne gagne d'autres régions comme Guelma, El Tarf, Skikda, Souk Ahras. L'exigence d'une redistribution plus juste des enveloppes financières, destinées à différents programmes de développement de l'agriculture, rend explosive l'utilisation à des fins personnelles de la misère des agriculteurs.