Le mouvement citoyen Barakat a été empêché par la police de tenir un rassemblement contre le 4e mandat à Alger-Centre. Les militants de ce mouvement ont fait face à une intervention musclée de policiers aussi bien en civil qu'en uniforme qui n'ont pas hésité à embarquer tout le monde. Selon des témoignages sur place, les manifestants ont été violemment réprimés. Les policiers les ont en effet interceptés individuellement, les empêchant de parvenir au lieu prévu pour le rassemblement. Les arrestations ont été opérées de manière parfois très brutale par les agents de l'ordre. Des vidéos enregistrées par des citoyens et de rares journalistes qui ont pu y accéder appuient ces témoignages. «On a été matraqués et dispersés, c'était du lynchage. Une violence inouïe», a raconté, Sidali Kouidri Filali à notre reporter. «Il y avait beaucoup de civils et il fallait fuir. On était une vingtaine quand ils s'en sont pris à nous», a-t-il ajouté. «Il y avait des policiers en civil, mais surtout des jeunes payés pour nous lyncher. Je milite depuis des années et je les reconnais. Les gens ont eu peur et ont pris la fuite», affirme Anis, un autre militant de ce mouvement qui a relevé la mobilisation également de «baltaguia» contre les manifestants. Pour les militants de ce mouvement, l'empêchement de ce rassemblement n'a fait que les motiver davantage pour de nouvelles actions. Car, assurent-ils, leur mouvement s'inscrit au-delà de l'élection présidentielle. Le mouvement Barakat continuera son combat quel que soit le résultat du scrutin présidentiel d'aujourd'hui. «L'élection présidentielle permet au système en place de rester au pouvoir. Ces élections sont un affront aux martyrs et un mépris à l'encontre du peuple. Barakat continuera à lutter après le 17 avril pour l'instauration d'une société des libertés, pour la justice sociale et la réhabilitation de la citoyenneté», a déclaré, en guise de préambule, Samir Belarbi, un des membres actifs du mouvement lors d'une conférence de presse, lundi dernier. Créé en février dernier dans le sillage de l'annonce de la candidature de Abdelaziz Bouteflika à sa propre succession, ce mouvement d'intellectuels qui aspirent au changement dans le pays affiche clairement son opposition à un 4e mandat du président sortant, 77 ans et victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) survenu il y a près d'un an.Et depuis, plusieurs actions ont été menées aussi bien à Alger qu'à l'intérieur du pays. S'il n'a pas drainé de grandes foules, ce mouvement s'est imposé dans la campagne électorale et a été d'ailleurs cité au cours du discours de certains animateurs de la campagne du candidat Bouteflika. Pointé du doigt de partout et diabolisé par des médias qui font campagne pour le président sortant en l'accusant d'être à la solde de puissances étrangères, le mouvement Barakat résiste et continue à faire parler de lui et de ses actions, notamment sur les réseaux sociaux.