24 syndicalistes, dont sept femmes, ont fait l'objet de harcèlement et de privation de leurs droits. Des syndicalistes, représentant des activités du secteur de l'administration, affiliés au Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap), ont appelé, hier à Alger, les pouvoirs publics au dialogue, à lever les sanctions sans condition et à arrêter leur campagne de dénigrement à l'endroit des syndicalistes autonomes. Une occasion aussi pour ces syndicalistes, qui ont animé une conférence de presse au siège du Snapap, à Mohammadia (Alger), d'interpeller la société civile et les syndicalistes autonomes à agir par des actions de solidarité avec ces militants dont la situation s'est beaucoup dégradée, selon les conférenciers. Gravement atteinte, la liberté syndicale en Algérie n'a jamais été aussi bafouée que durant cette dernière décennie. Les entraves sont multiples. Les syndicalistes sont fréquemment harcelés, poursuivis en justice et licenciés. Ainsi, la loi 90-02 de 1990 pour l'exercice de la pratique syndicale a été maintes fois violée. Plusieurs syndicalistes ayant participé à des mouvements de protestation ont été soit privés de leurs droits socioéconomiques ou carrément écartés arbitrairement de leur poste de travail. Comme réponse du pouvoir à leurs activités syndicales, les syndicalistes autonomes ont eu droit à chaque fois à des brimades et harcèlements en tous genres.Et pour illustrer cela, il n'y a pas mieux pour le président du Snapap, Mourad Ghadia, que d'évoquer l'affaire de Mourad Tchikou, ce président de la section syndicale de la Protection civile. Suspendu de son emploi, il est sans salaire depuis 2004. Pourtant, après un interminable feuilleton judiciaire, la justice l'a relaxé. Il n'a pas encore été réintégré dans ses fonctions, selon M. Ghadia. Comme lui, six autres fonctionnaires de l'administration ont été traînés devant la justice. «Il y a eu même un syndicaliste poursuivi pour appartenance à un groupe terroriste», regrette Yamina Meghraoui, présidente du comité des femmes du Snapap. Pour cette grande activiste des droits syndicaux, «le seul tort de toutes ces victimes est de participer à des activités syndicales autonomes». Au total, le Snapap comptabilise 24 syndicalistes dont 7 femmes qui ont fait l'objet de harcèlement et de privation de leurs droits. Et selon Mme Meghraoui, un aspect sur lequel elle a beaucoup insisté, «la situation socioéconomique de ces syndicalistes est des plus insupportables, elle est précaire». Pour étayer ses dires, elle cite certains qui sont sans emploi, sans allocations familiales et sans assurance sociale ; d'autres, surtout les femmes ayant observé des grèves de la faim, gardent toujours, selon elle, des séquelles. Mme Meghraoui, qui estime que leur syndicat autonome est diabolisé par le pouvoir, n'a pas omis de lancer des fléchettes à Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de défense et de promotion des droits de l'homme (CNCDPDH). Tout en dénonçant les «entraves» auxquelles font face les fonctionnaires pour créer des sections syndicales dans certains secteurs, Yamina Meghraoui annonce déjà que le Snapap ne compte pas baisser les bras pour le combat pour les libertés syndicales. «En plus de la Confédération africaine pour les droits des peuples que nous allons solliciter, nous comptons également lancer une campagne de sensibilisation sur le plan international pour des actions devant les consulats», a-t-elle indiqué.