Les défis à relever en matière de développement dans cette région exigent la plus grande perspicacité et du sérieux, a-t-on indiqué. Rien ne va plus à la commune de Boudjellil. Le siège de la mairie a été fermé pour la énième fois, dimanche, par des citoyens en colère relevant de plusieurs villages qui se plaignent de leur cadre de vie et de l' «immobilisme» des autorités locales. Ils ont également fermé l'unité plâtrière SOMACOB sise dans le village Tala L'Bir après avoir déposé à l'APC un préavis de fermeture de la voie ferroviaire reliant Béjaia à Béni Mansour. Ils indexent les élus locaux dont ils dénoncent l'«inaction», comme ils exigent les résultats de l'enquête menée à leur demande par ordonnance du wali, il y a deux mois, sur la gestion des affaires de l'APC. Une gestion qu'ils qualifient de «unilatérale» et «catastrophique», alors que les défis à relever en matière de développement dans cette région exigent la plus grande perspicacité et du sérieux, a-t-on indiqué. Cela fait plus d'une année que des voix contestataires s'élèvent dans cette commune. Pour rappel, en mars 2013, le mouvement associatif local, privé d'argent, a fermé le siège de la mairie pour demander le dégel des subventions. Quelques mois plus tard, en aout, des élus ont été pris à partie par des villageois qui dénonçaient l'enclavement et le dénuement. S'en suit une série de fermetures et de réunions avec des représentants des villages, jusqu'à ce que le wali ordonne en début 2014 une enquête pour faire la lumière sur la gestion de la mairie. Et dernièrement, c'était au tour des habitants de Metchik, un village perdu dans les montagnes, de fermer parallèlement le siège de l'APC et la voie ferroviaire pour exprimer leur ras-le-bol. C'est dire que la tension au niveau de cette commune est très vive et n'est pas prête de s'estamper au regard de la détermination dont fait preuve les protestataires dans le dessin de pousser les autorités locales à réagir. Organisés en collectif, les habitants de 17 villages de cette commune qui compte parmi les plus déshéritées de la wilaya de Béjaia, notamment ceux de Tala L'Bir, Douar Tigrine et Tighilt, demandent «le départ immédiat et sans conditions des élus en place (RCD)», pouvait-on lire sur une de leurs déclarations. La région souffre de tous les manques. A commencer par ce qu'il ya de plus vital. «L'eau est une denrée rare chez nous», se plaint un père d'une famille nombreuse du village Tigrine. Dans une plate forme de revendications soumise, dimanche, au P/APC, les villageois égrènent une série de carences et des points revendicatifs à satisfaire «entièrement» et «en urgence», sans quoi, disent-ils, ils ne mettront pas fin à leur mouvement. Ils font état d'un «forage insuffisant, d'une qualité d'eau médiocre, de pompes hydrauliques et d'un réseau AEP défectueux». Un problème chronique propre, d'ailleurs, non seulement à la commune de Boudjellil, mais aussi à des communes voisines à l'exemple d'Ait R'Zine ou Ighil Ali, où la distribution d'eau potable demeure problématique, a-t-on constaté. Ils réclament en outre «un réseau électrique performant (foyers non alimentés, chutes de tentions, éclairage défectueux…), un réseau d'assainissement, le bétonnage des ruelles des villages, l'aménagement des stades et création d'espaces de loisirs au niveau de tous les villages, du gaz de ville pour les villages du Douar Tigrine, des solutions pour le village sinistré Tighilt, un ramassage régulier des ordures ménagères surtout avec l'approche de la période des fortes chaleurs», écrivent les villageois dans leur déclarations.