Vendredi 2 mai. Mascara. A 18h. C'est un beau réservoir à chiens. Qui sont-ils ? Où se terrent-ils ? Ont-ils la beauté fanée d'une révolution en déclin ou la force calme d'une colonisation en expansion. Juifs ? Musulmans ? Palestiniens ou Israéliens ? Tant de visages collés sur des feuilles de verre et une caméra frénétique d'un réalisateur, palestinien, qui refuse de ne plus aller à l'essentiel. Alors à l'image, ça donne le tournis, ça renvoie «Jason Bourne» chez lui manu militari et parfois ça laisse au spectateur le soin d'esquisser un beau sourire. Oui ? Oui, surtout que chez ce cinéaste, déjà responsable de Paradise Now, il y a un déni du «moi», un sentiment bizarre qui voit refuser à sa porte, toute affaire personnelle. Voir un film intelligemment rythmé, ficelé comme un cadeau empoisonné, raconté à hauteur d'homme, voir ce genre de proposition ne peut que nous ravir. Mais où sont cachés les hésitations, les trous d'air, les respirations, les relents intimes, la subtilité d'un corps aimant son voisin, où se terre le «je» d'un cinéaste qui va, certainement, nous présenter un étalage de son regard sur sa société. Difficile de trouver ce microcosme, complexe de voir dans ce film une simple pastiche de ce que l'on peut voir «ailleurs», facile de dénicher dans ce film un «passeport» pour ceux et celles qui ne souhaitent «plus» découvrir l'ambiance des Autres. Qui ? Ceux-là mêmes qui courent dans tous les sens dans un film qui force le respect mais qui ne tutoie aucunement le spectateur. Et c'est ringard de vouvoyer le cinéma, art populaire par excellence ! A la maison de la culture.