Au marché du film, il y a le stand sud-africain et tout près l'espace cinéma du Sud, où depuis plusieurs années, cinéastes, producteurs et distributeurs africains se retrouvent. Des deux côtés, on travaille pour la promotion, on recherche avec espoir un coproducteur, un labo pour une postproduction ou un contact qui rend possible l'achat d'un film africain ou sa sélection à un festival. Sur place, des films sont montrés en vidéo. Chez les Sud-Africains, on affirme clairement de grandes ambitions. D'une part, orientées vers le cinéma national et dans le but d'attirer les tournages des films d'Hollywood à gros budgets, d'autre part. Les Américains ont déjà tourné des dizaines de films en Afrique du Sud. Cela entraîne le fait que les écrans sud-africains comme les chaînes de télévision locales sont autant de canaux de diffusion pour les productions de Hollywood. La production nationale sud-africaine est seulement de 15 films longs métrages par an, sans compter une multitude de productions vidéo. Cela signifie que les 560 écrans de cinéma du pays sont quasiment réservés aux Américains. Depuis quelques années pourtant, le cinéma sud-africain fait des efforts remarquables et récolte des prix dans les festivals, au Fespaco, Berlin, Toronto, Edimbourg... Mon nom est Tsotsi, de Gavin Hood, a raflé l'oscar 2005 du meilleur film étranger. Tsotsi dans l'histoire est un jeune chef de gang spécialisé dans le « car jacking » (détournement criminel de voitures). Mais un jour, il retrouve la rédemption... En Afrique du Sud, le cinéma national bénéficie de l'attention du président Thabo Mbéki. On dit même que Nelson Mandéla est un cinéphile. Chose originale, c'est le ministère du Commerce et de l'Industrie qui donne des aides au cinéma. Quelque 100 millions de dollars par an. Il est vrai que le pays tire beaucoup des prestations de service aux superproductions. L'Afrique du Sud est un pays riche. Son point faible, c'est la grande criminalité urbaine. Une fiction sur deux s'intéresse à ce fléau. De plus en plus, les cinéastes tournent vite en DVD pour un budget ne dépassant pas 20 000 euros. Les nouvelles technologies sont aussi à l'œuvre au Nigeria, surnommé Nollywood en raison de la production vidéo record. Au Sénégal, à Madagascar, au Burkina, des dizaines de productions vidéo font le plein des salles. Tournage ultrarapide, budget très modeste, recettes records. Seul le Gabon continue vraiment à faire du cinéma. Avec beaucoup de pétrole et seulement un million d'habitants (un quartier d'Alger !), le Gabon produit des projets de divers pays africains, en plus de la production nationale. Les cinéastes vont à Libreville où siège le Cenaci (Centre national du cinéma gabonais). Ils sont Camerounais, Congolais, Tchadiens et même Guadeloupéens. D'ici que le Gabon se mette à produire les films de la diaspora noire américaine, cela ne va pas tarder à venir. Le patron de Cenaci est lui-même cinéaste et vient d'être élu à la tête de la Fepaci (Fédération panafricaine des cinéastes, créée à Alger en 1969) : Charles Mensah, qui s'active actuellement à étendre le réseau des salles dans son petit pays. Si Libreville a gardé ses salles de cinéma, dans le reste du pays en revanche, elles ont été transformées en église.