Dans une dizaine de sites, de nombreuses familles continuent d'habiter de vieilles baraques, où elles sont exposées aux effets nocifs de ce matériau hautement toxique. Le risque amiante est bien présent. Et ce n'est évidemment pas les constats et les alertes formalistes qui vont insuffler une réelle dynamique de désamiantage. Aujourd'hui l'on constate, en effet, que le consensus autour du danger de ce matériau toxique est resté au simple stade des constatations et rien n'a été réellement entrepris pour s'en séparer définitivement. Rien n'a été fait, également, pour élaborer une traçabilité exhaustive de l'amiante qui n'est pas seulement circonscrit à la région d'El Gammas, plus exactement au niveau des chalets de cette cité tentaculaire de la ville de Constantine. Il faut dire que tout a été fait, jusqu'à présent, pour que l'évocation de l'amiante et, par voie de conséquence, de sa dangerosité, soit réduite au «foyer» d'El Gammas. Pourtant, on le trouve un peu partout à travers la wilaya, au niveau d'autres chalets, à l'université Constantine 1 où il avait été question il y a quelques années de désamianter la tour administrative, tout comme il existe aussi en dehors du chef-lieu. C'est le cas de la commune de Zighoud Youcef, précisément du côté de la région de Bordj Maâti, où des locataires de chalets, vieilles baraques ayant précédemment abrité un centre de formation professionnelle, côtoient en permanence l'amiante avec tout ce que cela peut induire sur leur santé. La quinzaine de familles environ qui y résident viennent de réitérer leur appel de détresse aux autorités locales les exhortant à leur venir en aide. De plus, il est important de souligner qu'en presque dix ans de squat des lieux, le nombre des occupants de ces chalets n'a cessé d'augmenter. Mariages et naissances ont contribué à l'accroissement de cette communauté et, du coup, le risque de contamination ne peut qu'aller crescendo surtout au sein de la frange la plus vulnérable, celle des enfants. Le cri de détresse de ces citoyens n'a, jusqu'à présent, pas été entendu par les autorités, puisque les choses n'ont pas évolué dans le sens escompté. Dix sites recensés à travers la wilaya Le wali de Constantine l'entendra-t-il cette fois? Plus enclin à se rendre à El Gammas pour évoquer notamment l'après-El Gammas, on ne lui connaît pas encore un intérêt similaire pour les chalets situés en dehors du chef-lieu de la wilaya. Pourtant, l'amiante est très présent dans de nombreuses constructions anciennes - environ 10 sites ont été recensés à travers le territoire- et, partant, beaucoup d'efforts doivent être mis en œuvre pour répondre aux requêtes des administrés. Pour rappel, ce matériau a été grandement utilisé dans le secteur du bâtiment pour ses propriétés isolantes, pour sa résistance aux produits chimiques ainsi qu'à la chaleur et au feu, mais sa toxicité a malheureusement causé la mort de milliers de personnes exposées directement ou indirectement à l'amiante à travers le monde. D'ailleurs depuis les années 1980 son utilisation a été interdite dans de nombreux pays. En Algérie, de nombreuses constructions en sont pourvues, mais rien n'est entrepris avec diligence pour préserver la santé de la population concernée, en procédant à un désamiantage radical. En fait, la prise en charge des victimes de l'amiante devrait plutôt constituer le segment axial de la politique de «redressement» et d'humanisation de nos cités et de leurs occupants.