Plusieurs dossiers «chauds» attendent traitement sur le bureau de Nouria Benghebrit-Remaoun, qui vient d'être installée à la tête du ministère de l'Education nationale. M. Baba Ahmed, qui a passé moins de deux ans à la tête du ministère, lègue un héritage empoisonné à celle qui a dirigé le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc). La nouvelle ministre hérite donc d'un secteur miné par des mouvements de protestation répétitifs depuis la signature du décret portant statut des travailleurs de l'éducation, promulgué en 2008 et appliqué à partir de 2010. Bien que l'ancien ministre Benbouzid ait consenti une révision partielle en juin 2012, la dernière version de ce texte ne cesse de susciter la colère des différentes catégories d'employés du secteur, qui dénoncent les dispositions discriminatoires d'un texte favorisant les nouvelles recrues et lésant les corps communs, les postes en voie d'extinction et les fonctionnaires diplômés de filières hors catégories. Et ils sont des milliers de mécontents. Abdelatif Baba Ahmed a eu à affronter plusieurs grèves, dont certaines ont occasionné un retard flagrant dans les programmes. Son successeur ne sera certainement pas à l'abri de la montée au créneau des syndicats et de leurs sympathisants, qui attendent toujours «réparation». Plusieurs formations ont déjà menacé de se redéployer sur le terrain de la protestation à la prochaine rentrée scolaire, à moins que le dossier de la révision (encore une fois) de ce fameux statut soit à l'ordre du jour, sachant que cette question relève des prérogatives du Premier ministère et de la Fonction publique. Tous attendent également le sort réservé à la révision des programmes. Si M. Baba Ahmed avait fait un premier pas en organisant un débat sur la réforme dite Benzaghou, il avait aussi promis des assises nationales sur l'éducation qui impliquaient, selon son approche, une révision des programmes et la consolidation des matières scientifiques et des langues étrangères. Les Algériens n'ont vu de cette «réforme de la réforme» que des «mesurettes» consistant à alléger le poids du cartable et dont le résultat est d'ailleurs discutable. Pourquoi ce projet n'a-t-il pas abouti, s'interroge-t-on aujourd'hui, d'autant que plus personne ne parle de l'organisation des assises de l'éducation prévues en juillet dernier avant d'être mises aux oubliettes. Les experts, qui se sont exprimés lors de la conférence nationale dédiée à l'évaluation de la réforme, ont diagnostiqué les complications de la surcharge des programmes et des dysfonctionnements dans la distribution des coefficients aux matières. Les parents d'élèves et les élèves eux-mêmes (notamment les lycéens) expriment chaque année leurs craintes quant aux conséquences de cette surcharge. Une préoccupation pédagogique à laquelle la réponse a toujours été politique, consistant à découper une partie du programme pour calmer les élèves qui sortent dans la rue pour se faire entendre. Mme Benghebrit se saisira-t-elle de ce dossier ou se contentera-t-elle des mêmes remèdes que ses prédécesseurs ? La ministre est également attendue par les élèves de Ghardaïa, dont les parents tirent la sonnette d'alarme sur une situation qui compromet la scolarité normale de leur progéniture. Des enfants des deux communautés en confrontation, scolarisés dans les différents paliers, payent les retombées d'un conflit qui perdure. L'association locale des parents d'élèves a attiré l'attention sur des perturbations – dont le ministère a minimisé l'ampleur – qui, à la veille des examens, continuent de pénaliser les élèves de cette région.