Treize familles résidant sur un site appartenant à Sapta, sis à Mohammadia, seront probablement expulsées le 10 septembre 2004. C'est le délai arrêté par le tribunal d'El Harrach après que ces mêmes familles, poursuivies en justice par cette entreprise publique spécialisée dans la construction des ponts, ont obtenu en juin 2004 un sursis de trois mois. Ce délai supplémentaire a été sollicité par l'APC de Mohammadia en raison de la période coïncidant avec la tenue des examens de fin d'année. Pour la mairie, l'arrêt est irrévocable tout en craignant, « du moins dans le court terme », qu'aucune solution de rechange n'est envisageable à ces « indus occupants ». « La Sapta avait permis à ces familles de s'installer chez elle, et aujourd'hui elle veut récupérer son bien. Cela dit, l'APC, qui n'a aucun pouvoir d'interférence dans cette affaire, n'a pas pour autant négligé les doléances de ces familles d'autant plus que notre P/APC a plaidé leur cause auprès de la wilaya déléguée de Dar El Beïda », nous a déclaré le vice-président de l'APC, M. Mekrache, en tenant à rappeler que l'APC ne dispose pas de moyens de les loger. « C'est une mission dévolue à la wilaya et nous souhaitons sincèrement que celle-ci mettra des logements ou le cas échéant, des chalets à la disposition de ces gens-là. » Cet élu nous fera part qu'il a lui-même suivi ce dossier, ajoutant que son institution n'a pas baissé « définitivement » les bras. « Nous osons espérer un écho favorable de la part de la wilaya déléguée de Dar El Beida parce qu'il s'agit de cas sérieux », a-t-il poursuivi. Les familles de leur côté crient leur désarroi, en reconnaissant leur statut d'indus occupants. Néanmoins, « elles tiennent à signaler le fait que c'est la direction générale de Sapta qui avait « elle-même autorisé la majorité des occupants » à habiter cette ancienne base-vie ». Celle-ci ayant servie durant les années 1980 de lieu de résidence à des travailleurs d'une entreprise yougoslave, engagée par l'Etat algérien pour la construction de l'autoroute de l'Est. Elle a été ensuite reprise par la défunte Eneroa, une entreprise publique versée dans le même créneau que Sapta et « phagocytée » il y a quelques années par cette dernière après son dépôt de bilan. « Il y a des familles qui ont fui le terrorisme comme celle qui a quitté la très dangereuse localité de Haouch El Makhfi. C'est le directeur général de Sapta, en personne, qui lui leur a dit de s'installer ici car un des siens était policier. Nous avons quatre agents de services de sécurité sur le site dont la vie était menacée. Il y allait de leur vie. La quasi-totalité ne possède aucun bien immobilier ailleurs et nous mettons au défi l'administration de prouver le contraire. Et si c'est le cas, nous sommes prêts à aller en prison », s'écrient-elles. Celles-ci mettent également en exergue le fait que leurs enfants sont scolarisés et que la plupart d'entre eux sont nés sur le site. « Si on nous sort d'ici et que aucune alternative ne nous est proposée, nous élirons carrément domicile sous la belle étoile. Nous implorons les autorités locales de nous aider », lancent-elles à l'adresse notamment de la wilaya déléguée de Dar El Beïda. Contactée, la Sapta qui se dit « avant tout » compatissante, soulignera, par la voix d'un de ses dirigeants, qu' « une décision de justice a été rendue conformément aux lois de la République ». « Il s'agit d'un site appartenant à l'entreprise qui est indûment occupé. La Sapta ne désire que récupérer son bien en espérant que les 13 familles seront prises en charge par les pouvoirs publics », conclut notre interlocuteur.