Jamais, depuis les événements du 11 Septembre, un groupe terroriste n'a fait parler de lui autant que la secte nigériane Boko Haram. Le groupe islamiste, qui se revendique du salafisme, mais qui a recours à des pratiques qui relèvent beaucoup plus du charlatanisme, ne se limite plus aux coups médiatiques, mais il devient de plus en plus dévastateur. Fondé en 2002 par un jeune fanatique, Mohamed Yusuf, qui a trouvé la mort sept ans plus tard, le groupe Boko Haram (traduit par la culture occidentale et Haram) pose d'énormes difficultés à l'Etat nigérian. En plus de s'attaquer au régime d'Abuja, le groupe, que les Occidentaux présentent tantôt comme groupe terroriste, tantôt comme secte, veut instaurer un Etat islamique dans ce pays multiconfessionnel. Boko Haram considère que le gouvernement du Nigeria obéit aux Occidentaux et emploie des méthodes contraires à la charia. Pour contraindre le gouvernement nigérian à réagir, le groupe Boko Haram met la zone nord du pays, habitée par une population en majorité musulmane, à feu et à sang. Il multiplie les attentats et provoque des morts par milliers. Mais la principale cible des terroristes est l'armée régulière nigériane, incapable d'arriver à bout du groupe qui compte près de 30 000 activistes, selon des estimations occidentales. Après un échec d'une première insurrection en 2009, au cours de laquelle son président fondateur fut tué, de nombreux membres de Boko Haram se sont enfuis au Niger et au Tchad. La secte reste discrète et se réorganise en secret à Maiduguri. En septembre de la même année, elle refait surface de façon spectaculaire en prenant d'assaut la prison de Bauchi, réussissant à libérer 700 prisonniers dont 150 adeptes. Vers la fin de 2010, la secte trouve l'occasion d'intensifier la lutte contre les chrétiens. Des attaques, incendies et assassinats ciblés font plusieurs dizaines de morts, notamment un attentat à Jos faisant à lui seul 80 victimes. A partir d'avril 2011, le groupe multiplie les attentats à la bombe contre des églises chrétiennes, des gares, des hôtels, débits de boisson et des bâtiments officiels. L'élection présidentielle de mai et la victoire de Goodluck Jonathan sont l'occasion d'autres attentats qui font une dizaine de morts. Le 21 juin 2011, une dizaine d'hommes armés attaque la ville de Kankara, dans l'Etat de Katsina, incendie un poste de police, libère les détenus et pille une banque, tuant 7 personnes dont 5 policiers. Pour se donner une dimension internationale, le groupe terroriste se déploie dans plusieurs pays du Sahel. Il opère, en plus du Nigeria et du Tchad, jusqu'au Cameroun où il serait derrière le kidnapping de plusieurs ressortissants étrangers, notamment des Français. Pis, la secte a même été signalée lors des combats qui avaient opposé l'armée française aux terroristes qui activaient au Mali. Autant dire que même si elle n'a pas la dimension d'Al Qaîda, Boko Haram est devenue une multinationale du terrorisme.