Les manifestations du 19 mai 1981 ont été enclenchées par les lycéens de la ville de Béjaïa avant de se propager à toute les localités de la vallée de la Soummam. Les actions auxquelles ont appelé le Mouvement culturel berbère (MCB) et le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) afin de commémorer le 19 Mai 1981 ont drainé, hier matin, des militants et sympathisants des quatre coins de la wilaya, dont des ex-détenus des événements du 19 mai 1981. Le MCB, qui a appelé à un meeting populaire au niveau du rond-point Nacéria, sis non loin du siège de la wilaya, a été le premier à tenir son action. Des militants ont afflué sur les lieux dès les premières heures de la matinée. Comme annoncé lors de leur marche pour la célébration du Printemps berbère, le 20 avril dernier, les militants du MCB ont rebaptisé l'emblématique rond-point «place du 19 Mai 1981». Après une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs de la cause amazighe, Boutrid Mohand Larbi, un acteur des événements du 19 mai 1981, détenu pendant plus d'une année, a donné une allocution à travers laquelle il a livré son témoignage sur le mouvement enclenché par les lycéens de la ville de Béjaïa et qui s'est propagé, en l'espace d'une journée, à toute la vallée de la Soummam. «Le mouvement de mai 1981 était un mouvement citoyen à part entière, car au-delà des lycéens, il a connu une adhésion auprès de tous les citoyens qui en avaient assez de l'oppression, du déni identitaire et du sous-développement», relate l'ex-détenu qui ajoute que «même s'ils sont méconnus, les événements du 19 mai 1981, au cours desquels 5000 citoyens ont manifesté, des centaines de lycéens ont été arrêtés et des dizaines d'autres furent emprisonnés, sont dans le sillage des événements d'avril 1980, à travers lesquels la Kabylie a exprimé son rejet du système, son désir de voir reconnaître par l'Etat la langue et l'identité amazighes et de sortir du sous-développement». Réagissant à la dernière mouture d'avant-projet de la Constitution remis par la présidence de la République dans laquelle ne figure pas l'officialisation de tamazight, Larbi Boutrid déclare que «le MCB ne reconnaîtra ni une Constitution ni un Etat qui refusent de nous reconnaître». Juste après ce meeting, le MAK a investi la rue de la Liberté. Le mouvement a regroupé autour de son action de commémoration plus de 200 manifestants qui ont marché du campus de Targa Ouzemmour vers la place Saïd Mekbel. Pour la liberté de la presse. Les manifestants scandaient tout au long du parcours des slogans hostiles au système et appelaient à l'autodétermination de la Kabylie.