Tout n'est pas encore fini politiquement pour le président Ibrahim Boubacar Keïta. Il peut encore compter sur le soutien d'une grande partie de la population. La preuve : une manifestation pour soutenir l'unité du Mali et l'armée de ce pays s'est déroulée hier à Bamako, au lendemain d'un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et des groupes armés qui ont pris cette semaine la ville de Kidal, dans le nord du pays. Entre 2500 et 3000 personnes, selon les estimations de la presse — quelque 2000, selon la police —, se sont rassemblées pendant environ deux heures place de l'Indépendance à l'appel de partis de la coalition soutenant le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Les manifestants encadrés par la police brandissaient des pancartes et banderoles en faveur de l'unité du Mali et de l'armée, et en hommage aux soldats tués lors d'affrontements meurtriers ces derniers jours à Kidal, fief touareg dans l'extrême nord-est du pays passé cette semaine sous contrôle des groupes armés après des combats meurtriers. Le Premier ministre Moussa Mara, dont plusieurs partis de l'opposition ont réclamé la tête le jour même, des ministres et plusieurs députés y ont aussi participé. Les manifestants se sont par ailleurs félicités de l'accord de cessez-le-feu signé vendredi par le gouvernement et trois groupes armés du Nord, dont les rebelles touareg du MNLA, sous la supervision de l'Union africaine (UA) et de l'ONU. Le président de l'UA, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, dont la médiation a permis d'arriver à l'accord de cessez-le-feu, a quitté Bamako hier matin, selon des sources officielles malienne et mauritanienne. Après des entretiens avec son homologue malien dans la capitale jeudi, il s'était rendu vendredi à Kidal, où il avait discuté avec les représentants des groupes armés, qui ont signé l'accord. Il est revenu à Bamako avec le document, qui a été paraphé par le gouvernement. Un accord en trois points Les négociations ont été complexes, elles ont duré quatre heures et demie. Plusieurs fois, selon des participants, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz est sorti, sans doute pour téléphoner au président malien. Concrètement — c'est le second point de cet accord de cessez-le-feu — les parties conviennent de la cessation immédiate des hostilités sur toute l'étendue du territoire national et acceptent de revenir à l'accord préliminaire de Ouagadougou pour une reprise immédiate des négociations. Autres points : les parties conviennent de la libération des prisonniers et s'accordent pour faciliter le travail des humanitaires des Nations unies ou d'autres partenaires. Enfin, le dernier point est très important : les parties s'accordent sur la mise en place d'une commission d'enquête internationale sur les évènements récents, à commencer par ceux de Kidal. Selon nos informations, IBK souhaitait un retour aux positions de l'armée malienne et des groupes du Nord à la date du 17 mai, c'est-à-dire avant la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal. La demande fut néanmoins rejetée par les mouvements du nord du Mali, qui gardent donc leurs positions à Kidal et dans les autres villes de Ménaka et d'Ansongo. «Ce n'est pas un accord politique mais militaire, c'est un premier pas pour aller aux négociations», a confié Mohamed Ag Najim, le chef du MNLA, à RFI. «Il s'agit d'un accord sur un cessez-le-feu. Il ne s'agit pas d'un accord sur le règlement du conflit qui oppose l'Azawad au gouvernement du Mali», insiste pour sa part Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA. «Il s'agit de mettre fin à la violence et de ramener le calme dans les zones qui ont été touchées par les affrontements.» Sur le plan militaire, donc, Mohamed Ag Najim insiste : «Il s'agit pour chaque partie de cesser le feu dans les parties qu'elle occupe. Il ne s'agit pas de céder une quelconque position.» En un mot, tout reste encore à faire dans le nord du Mali pour faire régner une paix durable.