Le diplôme national signifie la cohésion nationale et cette dernière permet de perpétuer l'Etat-nation. Tels sont les propos de Farid Cherbal, enseignant-chercheur à l'USTHB, ayant animé hier une conférence au siège du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) sur le rôle du mouvement des étudiants dans les luttes démocratiques et sociales. L'anniversaire ayant retracé le combat des étudiants à travers les formations syndicales depuis 1962 à nos jours, n'a pas manqué de souligner le risque qui guette le pays suite à la mauvaise application du système LMD (Licence-Master-Doctorat). M. Cherbal déclare qu'«en Algérie, certains diplômes ne sont valables que localement». Par localement, l'enseignant-chercheur vise la wilaya où ce diplôme a été délivré. Car, qui dit diplôme national, dit aussi même niveau pour les diplômés des universités de la même nation. En s'appuyant sur l'expérience des Etats-Unis pour l'application du système LMD, M. Cherbal estime que l'Algérie est très loin par rapport au budget que déboursent les Américains pour la formation des étudiants en LMD, à savoir 20 000 dollars par étudiant chaque année. De l'avis de M. Cherbal, l'explosion des effectifs à l'université (1,5 million d'étudiants à la rentrée prochaine) et des infrastructures (établissement universitaire pour chaque wilaya) peuvent être un capteur social qui posera les vrais problèmes de la société. «Les Etats-nation sont en train de voler en éclats en Irak, en Libye et dans plusieurs pays africains», a mis en garde l'ex-syndicaliste du Conseil national de l'enseignement du supérieur (CNES). Qu'en est-il du cas de l'Algérie ? «Seul un projet national économique et social consensuel peut nous immuniser», préconise l'invité du RAJ, qui souligne tout de même que «la profondeur historique de la société algérienne ne se trouve nulle part en Irak ou en Libye». Mais le consensus est-il réalisable en l'état actuel ? «S'il n'y a pas une convergence des revendications sociales avec les questions politiques, il n'y aura pas de consensus», estime l'académicien qui a tenu à rendre hommage aux organisations syndicales estudiantines : l'UNEA (1963-1971) et le Mouvement des étudiants autonomes des années 1980 (le printemps berbère). L'orateur considère ce dernier mouvement comme étant «le fondateur de l'Algérie moderne» dans la mesure où il marque «la fin de la légitimité historique». M. Cherbal cite entre autres RAJ et le CNES ayant émergé durant les années 1990 : «C'est la refonte du mouvement syndical autonome.» Il s'attarde surtout sur les événements de 2001. «La revendication amazighe revient dans sa forme la plus douloureuse», regrette l'universitaire. De l'avis de ce dernier, la mobilisation des étudiants étaient également au rendez-vous durant ces événements. Une autre station du long parcours du Mouvement autonome des étudiants demeure les manifestations de l'année 2011. Les revendications estudiantines reviennent au-devant de la scène. D'après l'analyse de Farid Cherbal, la caractéristique commune à tous ces mouvements estudiantins demeure la convergence des revendications sociales avec les questions politiques. «Très peu de syndicats peuvent le faire en 2014», considère l'enseignant-chercheur ayant retracé la lutte de l'UNEA entre 1963 et 1971, l'année de la dissolution de cette organisation par Boumediène.