L'Assemblée populaire nationale (APN) ne sera pas dissoute de sitôt. Les appels à l'organisation d'élections anticipées émanant même du cercle proche du Président, comme Amara Benyounès, ne semblent pas être, pour l'heure, la priorité du pouvoir. Bouteflika, non seulement, n'envisage pas de dissoudre l'Assemblée, mais compte l'utiliser pour faire passer toutes ses lois. Hier, les partis de l'opposition siégeant à la Chambre basse du Parlement devaient se réunir pour trancher la question du boycott du débat autour du plan d'action du gouvernement, mais, selon toute vraisemblance, cette initiative n'a pas fait l'unanimité. Au final, le FFS, l'Alliance verte, le Parti des travailleurs et le FJD ont décidé de prendre part aux travaux de cette session afin, se défendent-ils, d'utiliser la tribune de l'Assemblée pour dénoncer les magouilles et la fuite en avant du pouvoir. Initialement, explique M. Benkhalef du FJD, les partis de l'opposition étaient partants pour boycotter la séance plénière d'aujourd'hui, mais leurs bases respectives n'ont apparemment pas approuvé cette idée. Qu'est-ce qui motive ce boycott ? Ces formations dénoncent le non-respect du gouvernement de l'article 84 de la Constitution stipulant que «le gouvernement doit présenter annuellement devant les parlementaires une déclaration de politique générale». «La déclaration de politique générale donne lieu à un débat sur l'action du gouvernement. Ce débat peut s'achever par une résolution. Il peut également donner lieu au dépôt d'une mention de censure par l'APN. Le Premier ministre peut demander à l'Assemblée un vote de confiance…», rappellent les députés. Or, selon l'opposition, depuis les premières élections multipartites, qui se sont déroulées en 1997, seul quatre chefs de gouvernement ont présenté leur bilan sur les 13 gouvernements successifs. «Ahmed Ouyahia a présenté son bilan lorsqu'il était chef de gouvernement en 1988, 2005 et 2010 et Benflis l'a fait également en 2001. Les autres n'ont pas jugé utile de rendre des comptes aux députés», s'insurgent certains députés, dénonçant le mépris de l'Exécutif à leur égard. De l'avis de M. Benkhalef, le gouvernement a besoin de l'Assemblée pour l'adoption uniquement du plan d'action et des projets qui lui sont chers. «Ce n'est un secret pour personne, l'APN est réduite à une simple chambre d'enregistrement. Nous voulions frapper fort en amenant les partis contestant la composante de l'Assemblée à boycotter cette première séance qui intervient après l'élection présidentielle. Malheureusement, l'idée n'a pas fait l'unanimité», regrette M. Benkhalef. Le docteur Naâmane, président du groupe parlementaire du MSP, estime que l'Alliance verte participera au débat et utilisera la tribune de l'Assemblée pour décortiquer le document du gouvernement. «Au sein du groupe parlementaire, nous avons débattu de l'idée de boycotter le plan du gouvernement, mais les députés étaient partagés, la majorité a opté pour la participation pour pouvoir exprimer notre position», affirme le député Naâmane. Pour le parti de Louisa Hanoune, il n'est pas question de boycotter. «Nous sommes pour la dissolution de l'Assemblée, mais tant que cette revendication n'est pas satisfaite, nous utiliserons cette tribune pour jouer notre rôle», note M. Taazibt.