L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) met en doute les chiffres du ministère de l'Agriculture quant aux quantités de viandes produites. A l'approche du mois de Ramadhan, le syndicat estime que «la problématique de la viande trouve son dysfonctionnement en amont et dans la pression d'importateurs sur les pouvoirs publics». Selon Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, «l'Etat est désormais un régulateur de l'importation, au lieu qu'il soit un facteur de production». Intervenant lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, il rappelle que «les chiffres officiels, présentés il y a trois ans, indiquent que le pays a produit 350 000 tonnes de viande rouge et 250 000 tonnes de viande blanche. En 2013, le ministère de l'Agriculture a avancé une production de 450 000 tonnes». Et de poursuivre : «Mais le prix de la viande n'a pas baissé sur le marché national et les importations n'ont pas diminué. Nous pensons que ces chiffres sont incohérents et contradictoires.»Boulenouar souligne que «pour atteindre l'autosuffisance en viande, il faudrait une production de 1 million de tonnes». Dans la foulée, il précise que «la consommation de viande en Algérie est en dessous des normes internationales. La FAO et l'OMS préconisent 25 kg/an/habitant. Présentement, l'Algérien consomme en moyenne 18 kg annuellement». Sur un autre point, l'UGCAA déplore l'actuelle situation des abattoirs, qui ne répondent à aucune exigence. «Le manque de ces infrastructures encourage l'abattage informel et s'ensuivent toutes les répercussions négatives sur le plan sanitaire, puisque il n'y aucun contrôle», regrette le porte-parole de ce syndicat. De son côté, l'expert agronome Akli Moussouni analyse les causes pour expliquer les conséquences. Même si des solutions existent, observe-t-il, la volonté politique manque et il faudrait un réel programme pour diminuer le taux des importations. Il n'oublie pas de rappeler que «les étables et les écuries se vident, en plus de la pression des importateurs». Dans le même sillage, Moussouni explique «les pertes dues aux accidents qui surviennent dans les élevages sont répercutées sur le prix de la viande».«Un seul bovin coûte 25 millions de centimes. Les éleveurs ne sont pas assurés. Ce qui les incite à trouver d'autres moyens pour compenser le préjudice financier.» Par ailleurs, Akli Moussouni dénonce «l'agissement de certains opérateurs qui importent de la viande congelée pour la vendre aux bouchers et également des bovins». Ils créent, selon lui, des dysfonctionnements dans la filière, touchant par conséquent la filière lait.