Plusieurs inégalités caractérisent aujourd'hui le commerce extérieur à l'échelle mondiale. L'absence de l'éthique, de l'équité et de la transparence est parmi les facteurs aggravants de ces inégalités. Comment concilier le domaine des affaires et ces enjeux avec celui de l'éthique ? C'est à cette question qu'ont tenté de répondre les participants à la journée d'étude sur le « Commerce extérieur : éthique et enjeux » organisée hier à l'Ecole des impôts à Koléa. En adoptant l'économie de marché comme modèle économique, l'Algérie, souligne le ministre des Finances, Mourad Medelci, est entrée dans une phase de grandes mutations. Des manquements à l'éthique et à la transparence ont marqué la transition algérienne vers la liberté d'entreprendre et de commercer. Une réalité que le ministre des Finances ne nie pas en rappelant que l'Algérie a consenti un effort considérable en matière législative dans le souci d'instaurer un climat de transparence et de probité dans le monde des affaires. La promulgation de la loi sur la corruption fait de l'Algérie, d'après le ministre, la pionnière dans le monde arabe dans ce domaine. Intervenant sur un secteur bien précis, celui des médicaments et des produits pharmaceutiques, le président-directeur général de Saidal, Ali Aoun, dira que les enjeux posés par le commerce extérieur dans ce domaine « posent des questions d'éthique cruciales ». L'industrie pharmaceutique est, souligne-t-il, « très rentable et se situe parmi les valeurs boursières les plus sûres, il s'agit d'une industrie, dont la logique est la maximisation du profit ». L'accès aux soins pour tous, y compris dans les pays en développement est un sujet de société qui alimente nombre de débats. La malfaçon dans le secteur du médicament, comme dans d'autres, n'est pas, indique le PDG de Saidal, « une vue de l'esprit » d'où l'importance de s'en prémunir. Grand consommateur de médicaments importés et produits localement, l'Algérie a besoin, recommande l'opérateur, « d'élargir et de performer son appareil et son système de contrôle des produits pharmaceutiques pour la garantie de la qualité, de l'innocuité et de l'efficacité de ces derniers ». Aussi, parce qu'étant rentable et sensible, le secteur du médicament doit, selon lui, « bénéficier d'une attention plus soutenue de l'Etat, en termes de régulation et de transparence dans l'ensemble du processus commercial y afférent ». De son côté Issad Rabrab, président-directeur général de Cevital, estime que « l'Algérie doit s'inscrire avec détermination dans une économie mondialisée. C'est une condition indispensable à la création de la valeur ajoutée durable et l'évaluation du niveau de vie des Algériens ». Le professeur Sid Ali Boukrami évoque pour sa part que « les changements structurels constatés au niveau de la balance des paiements des pays comme l'Algérie tendent à renforcer le rôle des services dans les choix économiques et accorder une place déterminante au soft (l'investissement dans l'éducation, la formation et la recherche), dans les échanges internationaux ». Le mouvement des capitaux et l'importance prise par le marché de produits dérivés impliquent, d'après le professeur, « une adaptation continue aux nouvelles contraintes extérieures pour une meilleure gestion des avoirs et du potentiel du développement ». Dans une communication sur « l'éthique et dépenses publiques » remise au participant, Luc Saïdj professeur de droit public et finances publiques à l'université Jean-Moulin de Lyon, « l'éthique consiste en des règles de conduite à suivre non seulement par des individus, mais aussi par des institutions ». Pour les institutions publiques, ajoute-t-il, « ces règles doivent être incontestables et non établies pour la convenance ou selon les vues de tel ou tel ».