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Essentielles futilités
Roman : Le dernier et inattendu Kundera
Publié dans El Watan le 14 - 06 - 2014

Le printemps 2014 a apporté dans sa besace quelques perles éditoriales dont la plus surprenante reste le nouveau roman de Milan Kundera, La fête de l'insignifiance. Roman qui vient après douze ans de silence si l'on excepte la publication en 2009 de son essai, Une rencontre. Ecrivain rare et déroutant, il prend toujours à contre-pied ses lecteurs. Beaucoup ont cru qu'avec son entrée fracassante dans la prestigieuse collection de la Pléiade en 2011, il en avait fini avec l'art du roman.
Mais comme c'est un auteur qui manie bien l'humour, ses inconditionnels mettent cela sur le compte des facéties qu'il affectionne comme son maître, l'encyclopédiste Jacques Diderot. Kundera reste toujours fidèle à sa ligne qui est celle de ne pas apparaître dans les médias, sauf à de rares exceptions, comme pour l'interview donnée récemment au journal Le Monde. Le roman La Fête de l'insignifiance a été d'abord publié en italien, avant de débarquer en France en catimini. Comme toujours, Kundera y alterne l'essai et le récit. De la même façon que dans son roman L'immortalité, il fait naître des personnages par le regard ou par l'art de flâner.
C'est ainsi qu'en se baladant au Jardin du Luxembourg à Paris, Alain découvre que toutes les jeunes femmes ont décidé de montrer leurs nombrils par des tenues appropriées. Ce petit orifice qui occupe le centre du ventre fait converger vers lui tous les regards des hommes. Alain, l'un des personnages principaux du roman, conclut que le nombril a surclassé sur l'échelle du fantasme érotique certaines parties traditionnelles qui faisaient rêver les hommes. Cette nouvelle façon de séduire laisse Kundera perplexe, surtout quand il dit : «Mais comment définir l'érotisme d'un homme (ou d'une époque) qui voit la séduction féminine concentrée au milieu du corps, dans le nombril ?». On est loin des canons de la beauté du XIXe siècle qui s'incarnait dans Boule de suif, personnage emblématique de Guy de Maupassant. Mais Kundera, s'il évoque cette partie, ce n'est pas par hasard, c'est une manière peut être pour lui de fustiger une époque qui se caractérise par plus d'individualisme et d'égotisme. Deux fléaux ayant contaminé la littérature avec cette mode d'«auto-fiction» qui s'éternise au dépend de la fantaisie littéraire et de l'imagination débridée.
D'autres protagonistes viennent donner la réplique à Alain. Ce sont des amis avec qui il entretient des relations très cordiales. Une amitié à quatre qui laisse place aux mensonges. Comme ce Cabestan, nom étrange qu'il tient d'une pièce de théâtre de Shakespeare, mais aussi acteur médiocre qui ne trouvant aucun engagement au théâtre, vit d'expédients. Il hante les soirées mondaines comme serveur, faisant croire à ses employeurs qu'il est d'origine pakistanaise. Á chaque fois qu'il est engagé, il baragouine une langue incompréhensible que les hôtes trouvent très originale et même exotique. Les facéties de ce personnage permettent à Kundera d'évoquer l'art de la blague à travers la figure du dictateur soviétique, Staline. Selon l'auteur, il aimait raconter des blagues lors des réunions du Polit Bureau et attendait de ses vis-à-vis des rires conséquents. Hélas, ses blagues ne faisaient rire personne et suscitaient même l'indignation de ses camarades qui ne comprenaient pas comment on pouvait raconter de telles inepties et croire ensuite que l'on est drôle.
Le troisième personnage à faire son apparition dans le roman est Charles qui organise des cocktails et fait travailler son compère Cabestan. Les cocktails mondains sont un bon poste d'observation de l'évolution des mœurs et des changements de la société. Kundera aborde d'autres thèmes comme ceux concernant la mode qui consiste à courir les expositions, surtout à Paris où les attentes devant certains musées donnent le tournis. Alain le flâneur découvre un de ses amis Ramon qui faisait la queue pour aller voir les tableaux de Chagall. La foule qui attendait n'était pas enthousiaste, selon Kundera, qui écrit à ce propos : «Il voulait les voir, mais il savait d'avance qu'il ne trouverait pas la force de se laisser transformer bénévolement en une partie de cette interminable queue qui lentement se traînait vers la caisse ; il observa les gens, leurs visages paralysés par l'ennui, imagina les salles où leurs corps et leurs papotages couvriraient les tableaux, si bien qu'au bout d'une minute il se détourna et emprunta une allée à travers le parc.»
Kundera donne, à travers le comportement de certains personnages, à voir et à comprendre des phénomènes sociétaux modernes. La filiation, autre thème déjà traité, surtout dans La Vie est ailleurs, est remis au goût du jour à travers la relation qu'entretient Alain et sa défunte mère. Alain donne l'impression qu'il est en dialogue permanent avec elle. Il n'arrête pas d'évoquer les conditions de sa naissance miraculeuse après une grossesse non désirée. Alain entend sans cesse la voix de sa mère, comme s'il n'avait pas coupé le cordon ombilical avec elle, d'où peut être ses différentes réflexions sur la mode du nombril. La Fête de l'insignifiance est un roman très court mais d'une densité poétique et philosophique consistante. Le point de vue que développe l'auteur sur les choses de la vie reste très original et perspicace, donnant à cette œuvre une grande puissance. Une puissance qui parvient à rendre essentielle toutes les futilités de la vie.


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