Le nouveau rapprochement entre le Front des forces socialistes et le pouvoir déroute tous les observateurs, en ce sens que le parti a toujours refusé le moindre «compromis» avec le pouvoir. Après avoir soupé, mardi 10 juin chez l'opposition, le Front des forces socialistes (FFS) dînera, mardi 17 juin, chez le pouvoir. Le FFS se rendra, officiellement, chez Ahmed Ouyahia dans le cadre des consultations autour de la révision de la Constitution. Dans un communiqué rendu public hier, le FFS a indiqué que «dans un esprit de consensus et dans le cadre des contacts politiques engagés pour la reconstruction d'un consensus national, le FFS décide de répondre favorablement à cette invitation (de Ouyahia, ndlr), pour donner son point de vue sur la situation politique et institutionnelle dans le pays».Le communiqué du FFS d'hier est exactement le même que celui rendu public le samedi 6 juin, lorsque le parti devait répondre à l'invitation de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique(CNLTD). Cette attitude du FFS n'est plus surprenante. Cela fait des mois, en effet, que ce parti adopte une position pour le moins incompréhensible. La confusion est accentuée depuis l'élection présidentielle d'avril dernier, lorsque cette formation avait annoncé une «non-participation» et un «non-boycottage» du scrutin. Une position vue comme un soutien indirect au candidat du pouvoir. Pourtant, il y a quelques semaines, le premier secrétaire national du FFS avait critiqué la démarche du pouvoir estimant que ce dernier a «mis la charrue avant les bœufs» en procédant à la révision de la Constitution. Une déclaration qui rappelle, en réalité, une revendication bien connue de ce parti qui réclame une «Constituante». Autres temps, autres mœurs, le FFS semble délaisser la revendication d'une Constituante au profit d'une «conférence nationale du consensus» qui regrouperait le pouvoir et l'opposition pour définir, ensemble, une solution de sortie de crise pour le pays. Sauf que si la proposition du FFS trouve un écho «favorable» auprès de pans entiers de l'opposition, elle est vite repoussée par le pouvoir qui est le seul à ne pas voir une crise dont les contours font consensus au sein de la classe politique nationale. Ce nouveau rapprochement entre le FFS et le pouvoir déroute tous les observateurs. Assis entre deux chaises, celle de l'opposition d'un côté et celle du pouvoir de l'autre, le parti fondé par Aït Ahmed en 1963 est désormais difficile à situer. Une situation qui dure et qui se confirme à chaque rendez-vous politique. Est-ce l'expression d'une dualité interne ? Une difficulté à trancher ? En l'absence d'une communication efficace, il est difficile de répondre à ces questions. Mais les dernières sorties publiques du parti montrent que le FFS n'est plus vraiment dans l'opposition, même s'il n'est pas non plus avec le pouvoir. Une décantation qui va se faire avec le temps.