Depuis plusieurs années, les dinandiers de la ville de Constantine livrent une véritable bataille pour sauvegarder leur métier, en dépit de moult difficultés rencontrés. D'abord, il y a le problème de la disponibilité sur le marché des cuivres rouge et jaune, qui demeure depuis des années leur souci majeur. C'est ce que nous a affirmé El Hacene Boudinar, président de l'association des dinandiers de la ville, rencontré en marge du salon national de la dinanderie organisé récemment sur les Allées Benboulaïd. Ce dernier nous a fait part des difficultés entravant la préservation de ce métier, qui représente un excellent vecteur de la tradition constantinoise. En l'absence d'une aide directe de l'Etat en matière d'importation du cuivre, les artisans restent à la merci des importateurs privés. Le cuivre rouge et jaune est importé soit de la Turquie ou d'Espagne. Il est cédé entre 1000 et 1500 DA le kg. Selon notre interlocuteur, ces prix pourraient être réduits si l'Etat intervient pour alléger les procédures de dédouanement. «Les frais de dédouanement reviennent chers à l'importateur, ce qui justifie la hausse des prix de cette matière. En plus, il faut savoir que le cuivre jaune et rouge avec lesquels on travaille ne sont pas totalement purs ; de ce fait pour rendre ce cuivre malléable, on lui rajoute d'autres métaux tels l'étain, le plomb et le zinc, ce qui rend encore le coût du produit plus élevé», explique notre interlocuteur. Ville des maîtres artisans, Constantine comptait dans les années 1970 près de 5000 dinandiers. Aujourd'hui, il n'en reste qu'une centaine d'artisans qui travaillent dans des conditions pénibles. «Les walis et les ministres du Tourisme et de l'artisanat qui sont passés ces dernières années par Constantine, nous ont promis des projets à l'instar d'un village dédié à l'artisanat, d'une maison ou un centre de formation mais, rien n'a été réellement concrétisé ; ce n'était finalement que de la poudre aux yeux», nous a confié, non sans amertume, le dinandier El Hacene Boudinar. Et d'ajouter : «Nous avons besoin d'un lieu autre que celui situé à l'avenue Rahmani Achour (ex-Bardo) où les ateliers sont étroits et sales ; nous voulons un lieu qui préserve notre dignité tout comme celle des clients, notamment les touristes étrangers».