Trois jeunes frères en prison. Disparition de documents officiels du commissariat de police. La mère crie à la machination. Le milieu des narcotrafiquants à Maghnia se désagrège peu à peu et charrie tout sur son passage. Mais, le plus grave, pour la deuxième fois en l'espace de quelques semaines, la justice et les avocats des détenus, impliqués à bien des égards dans le trafic de la drogue, dénoncent la disparition de procès verbaux et de documents officiels du commissariat de police de Maghnia. L'ancien commissaire, muté à Ghazaouet avant d'être suspendu de ses fonctions (en compagnie de trois autres de ses collègues dont un est en prison) et déféré devant l'institution judiciaire, est au centre de ce scandale qui promet beaucoup de révélations amères. Après la famille Boubekeur dont le fils a été victime d'un coup monté impressionnant (l'instruction a pu mettre à nu les anomalies et les scénarios machiavéliques ayant conduit le jeune Boubekeur en taule), aujourd'hui, c'est au tour de Mme Mekboul Halima de jeter un pavé dans la mare en pointant un doigt accusateur en direction du même commissaire de police. « J'ai porté plainte contre l'ancien chef de la sûreté de la daïra de Maghnia et un agent de police », indique-t-elle d'emblée, le visage éploré, pour disparition de procès verbaux contenant des témoignages capitaux disculpant mes fils et non transmission au juge d'instruction de Ghazaouet les documents officiels en faveur de mes fils. Mme Mekboul a expliqué par le détail les faits et les aboutissants ayant envoyé ses fils droit dans l'environnement carcéral. « Lors de l'enquête concernant une affaire de drogue (interceptée l'année dernière à Ghazaouet, dans un fourgon qui s'apprêtait à embarquer à destination d'Almeria, en Espagne) dont mes quatre enfants -trois étant en prison- ont été impliqués d'une manière incroyable, je me suis chargée personnellement de présenter aux services de police un groupe de témoins, cinq en tout. Ceux-ci ont été officiellement auditionnés sur PV par un policier. Bizarrement, ces documents n'ont jamais atterri chez le juge d'instruction de Ghazaouet, chargé de l'affaire. Le plus grave, d'autres PV ont été dressés, où il est indiqué qu'aucun témoin ne s'est présenté dans cette affaire... » Dissimulation douteuse Pourtant, lors de nos investigations, nous avons pu nous procurer ces fameux témoignages, favorables aux fils de Mme Mekboul. En plus, pour écarter tout scepticisme, les mêmes témoins se sont présentés devant le juge instructeur de Ghazaouet pour rééditer leur témoignage. Et tous affirment à l'unisson que les enfants de Mme Mekboul sont « d'honnêtes commerçants n'ayant rien à voir avec le trafic de la drogue » La mère, abattue, s'interroge « pourquoi a-t-on fait disparaître tous ces documents et au profit de qui ? » Autant de questions qui génèrent moult commentaires à Maghnia « Tout le monde est au courant de cette affaire similaire dont a été victime une autre jeune personne et dont le complot a été ourdi par les mêmes parties que moi aussi j'accuse aujourd'hui », déclare-t-elle, déterminée à démêler les fils enchevêtrés de ce scandale. « Je ne demande qu'une chose, c'est que les hautes instances procèdent à l'ouverture d'une enquête urgente pour déterminer les responsabilités de chaque partie dans cette affaire dont sont victimes quatre jeunes enfants. Je suis en possession de tous les documents mettant hors de cause mes fils... » Ces dossiers suspects mettant en cause des jeunes inconnus dans le milieu de la drogue, en procédant à des falsifications et à la dissimulation des documents officiels dans des institutions d'Etat, suscitent la peur et en même temps la colère dans cette région frontalière de l'extrême Ouest du pays. « La justice en laquelle j'ai entièrement confiance saura démasquer les vrais coupables de toutes ces conspirations », conclue Mme Mekboul qui a saisi les autres autorités du pays.