La gestion des œuvres sociales du secteur de l'éducation suscite la montée au créneau de plusieurs syndicats, une année seulement après l'élection de la commission nationale de gestion. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) dénonce une «gestion opaque et clientéliste» de l'argent des œuvres sociales, dans un communiqué rendu public, et «les conflits d'intérêt» entre les membres élus de la commission de gestion des œuvres sociales et l'ordonnateur désigné à la tête de cet organe ainsi que les instances de contrôle. Le CLA parle de «gel» de la commission nationale et de celles de plusieurs wilayas. Des arguments qui renforcent davantage le CLA et les autres formations ayant fait campagne pour la décentralisation de la gestion de ces fonds, avant l'élection en 2012 de la commission nationale de gestion et la validation définitive du modèle centralisé de gestion. Ce syndicat dénonce par la même occasion «le détournement de l'argent des œuvres sociales et la prise en otages des milliers de travailleurs du secteur de l'éducation» et appelle à cet effet ces derniers à se mobiliser pour un gel total de la gestion actuelle. Le Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest) rejoint le CLA dans ces accusations. Le Snapest accuse la commission nationale élue de transgresser la réglementation. L'acquisition d'un logiciel de gestion «à un prix astronomique» suscite l'indignation du Snapest, qui dénonce une mauvaise gestion de l'argent des travailleurs qui ne leur profite finalement pas. Le Snapest est, lui aussi, renforcé dans ses convictions concernant le mode de gestion. La commission, dont les prérogatives chevauchent celles de l'organe de gestion élu, ne pourra pas répondre aux attentes des travailleurs du secteur et à leurs aspirations de faire des fonds des œuvres sociales un réservoir destiné à la solidarité dans le secteur. M. Meriane, coordinateur national du Snapest, appelle à la mobilisation des travailleurs pour dénoncer les dysfonctionnements dans la gestion. «Nous avons été pénalisés par les règles électorales qui profitaient beaucoup plus aux partisans de la centralisation. Voilà, moins d'une année après la mise en œuvre de ce mode de gestion, l'argent ne va pas dans la poche des travailleurs», estime le Snapest. Selon M. Meriane, la ministre de tutelle a été saisie sur ce dossier. Ces réserves ne sont pas partagées par l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), dont le chargé de communication, M. Amraoui, estime que «les œuvres sociales sont gérées par une commission indépendante dont le président assume toute la responsabilité». M. Belmechri, président de la commission nationale de gestion des œuvres sociales, réfute les accusations des syndicats précités et les défie de présenter les preuves «de ce qu'ils avancent». M. Belmecheri, contacté par El Watan, explique que la commission qu'il préside, composée de neuf membres élus, valide les propositions des commissions de wilaya. La nomenclature des activités financées par la commission a été validée le 27 mai dernier. La commission a accordé 550 séjours de omra sur les 2000 prévus en 2014 ; elle accorde également des crédits remboursables aux travailleurs et des aides. Par ailleurs, M. Belmecheri lance un appel aux organes de contrôle des deniers publics afin d'effectuer les contrôles nécessaires. «Le secteur de l'éducation nationale est le seul qui ait une gestion transparente de ses œuvres sociales», soutient-il. Les œuvres sociales du secteur de l'éducation consistent en plusieurs milliards de fonds et de biens immobiliers et mobiliers.