Les garderies et autres crèches qui accueillent les enfants durant toute l'année ferment généralement le mois d'août. Et c'est la panique pour les mères de famille qui se trouvent ainsi dans une situation inextricable. L'été rime avec plage, sable doré, couleurs, fêtes et rencontres. Pas pour tout le monde. Pour certains parents, c'est un cauchemar. En ce qui concerne certaines professions, tous les travailleurs n'ont pas la possibilité de prendre leur congé annuel durant l'été. Ce qui chamboule le planning tracé pour les vacances, mais pas uniquement. Les garderies et autres crèches qui accueillent les enfants durant toute l'année ferment généralement le mois d'août. Et c'est la panique pour les mères de famille qui se trouvent ainsi dans une situation inextricable. «Comment faire pour la garde du petit, dont la crèche ferme à la fin du mois de juillet». Le problème ne se pose pas uniquement pour les enfants en bas âge, mais pour ceux scolarisés. Comment gérer les trois mois de congé des enfants si la famille n'a pas d'autres soutiens ? Belle-mère, nounou d'enfer Lamia, 32 ans, agent commercial chez un opérateur de téléphonie mobile à Alger, vient tout juste de reprendre son travail après avoir grignoté tout le congé annuel par contrainte. Son fils, âgé de 13 ans, a eu une fracture à la jambe et c'était la seule solution pour rester à son chevet durant un mois. «Mais voilà que je me retrouve face à une autre difficulté, celle de faire garder mon cadet qui n'a pas encore trois ans. Je n'ai personne dans ma famille qui pourra le prendre en charge.» Lamia compte prendre un congé sans solde pour le mois d'août. «Je n'ai pas le choix», argue-t-elle, sachant pertinemment qu'enchaîner des absences et des congés n'est pas pour booster sa carrière dans le commercial. D'autres mamans interrogées comptent sur les services de la famille. «C'est ma belle-mère qui est mon plus grand secours», avoue Samia, psychologue dans le secteur public à Tizi Ouzou. «Mon fils de trois ans est inscrit dans une école maternelle de mon quartier. Pour juillet et août, comme l'école clôt son programme, je le confie à ma belle-mère qui se montre toujours ravie de le garder. J'avoue que sans son soutien, je ne vois pas comment je ferai, d'autant plus que mes parents habitent loin d'ici», précise-t-elle. Ce sont souvent les membres proches de la famille qui viennent à la rescousse de ces mamans en détresse. La mère, la belle-mère, les sœurs, les nièces se transforment, durant quelques semaines en nounous. «Comme mon mari et moi travaillons tous les deux en été, c'est donc nos deux nièces qui font le baby- sitting», nous confie Djamila, standardiste dans une entreprise privée. Certains ménages ont recours aux services de voisines. Ce mode est loin d'être rassurant et efficace pour les mamans qui doivent toujours avoir un plan B et l'adopter à chaque fois que la voisine a un mariage ou un autre motif d'indisponibilité. Les écoles maternelles et crèches offrent, pour une partie d'entre elles, des services de garderie durant l'été, mais c'est retreint aux enfants en bas âge. Bye-Bye la carrière L'absence de structures adaptées pour l'accueil et d'assistance aux familles pénalise les ménages qui ne trouvent pas un mode de garde adapté pour les vacances estivales. «Je ne comprends pas pourquoi les pouvoirs publics fonctionnement encore avec le principe que la mère est soit femme au foyer, soit employée dans le secteur de l'éducation», fulmine une jeune maman médecin dans le secteur public. Les crèches et les écoles maternelles ne prévoient pas de services au-delà du mois de juillet. Aucune structure n'a été réalisée concernant l'assistance aux ménages pour la garde des enfants durant leurs vacances scolaires, alors que le discours officiel prône l'égalité des chances hommes/femmes et chantent la promotion du travail chez la gent féminine. «Nous avons en face de nous des services publics qui ont le mode de fonctionnement d'une société traditionnelle, où la famille est censée être élargie et où le rôle de la femme est celui de rester à la maison et de s'occuper de ses enfants durant toute l'année. Ces services n'ont pas suivi la mutation de la société qui s'est transformée en société de consommation plus ‘‘ouverte'' nécessitant forcément une implication de la femme dans la vie active», explique Yamina Maghraoui, présidente du Comité des femmes travailleuses au Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). Dans la plupart des cas, la femme refuse une promotion pour ne pas se surcharger de responsabilités professionnelles afin d'être plus disponible pour sa famille. Dans bien des cas, des femmes ont été contraintes d'abandonner leur carrière faute de soutien dans ce domaine. Ce comité a mené une enquête sur ce sujet et il en ressort que «22% des femmes interrogées sont concernées par les difficultés de trouver un moyen de faire garder les enfants pendant les vacances. Et cela se passe dans l'indifférence totale». Mme Maghraoui explique que c'est ce genre de difficultés qui dévalorisent le travail féminin. «Les femmes sont contraintes de faire l'impasse sur leur carrière pour ne pas se perdre dans le labyrinthe de chercher un moyen de s'occuper des leurs.» Pour le comité des femmes travailleuses, «il n'y a encore aucune volonté politique pour promouvoir le travail de la femme». «Priver la femme de structures d'assistance, c'est placer devant elle des obstacles entravant son évolution professionnelle et son émancipation en tant que citoyenne. Les femmes actives sont en droit de s'interroger aujourd'hui de savoir où va l'argent versé aux caisses de l'Etat sous différentes formes d'impôts.» Créneau ignoré par le privé Le secteur privé n'a encore manifesté aucun intérêt pour ce créneau, où la demande est pourtant très importante. Des boîtes spécialisées dans l'assistance à domicile pour l'hygiène, la décoration, l'aménagement des jardins, les soins, l'assistance sanitaire fleurissent, mais rien pour le moment concernant l'assistance maternelle. Le ministère de la Solidarité nationale, du temps d'Ould Abbès, avait émis la proposition de réglementer l'activité de la nourrice et de l'assistante maternelle, mais le projet a été jeté aux oubliettes et est resté au stade de proposition. L'activité de la nourrice, bien que florissante, reste toujours dans l'informel, ce qui la laisse en proie à des dépassements, ce qui n'est ni dans l'intérêt des enfants ni de celui de l'assistante. Pour le Snapap, la situation de l'absence de compétitivité dans ce domaine rend difficile l'émergeance de prestataires specialisés.