Le Parti socialiste des travailleurs (PST) critique la démarche adoptée par le pouvoir pour la révision constitutionnelle et rend publiques ses propositions pour un changement démocratique. Dans son mémorandum sur la révision de la Loi fondamentale du pays, rendu public hier, ce parti dénonce l'exclusion du peuple. «Dans la forme, comme en 2011 sous la conduite de M. Bensalah, les concertations confiées à M.Ouyahia se dérouleront à huis clos dans un bureau de la Présidence, sans aucun débat public libre et équitable. Encore une fois, le peuple algérien est écarté du débat et de l'élaboration de sa propre Constitution et sa souveraineté, consacrée dans toutes les Constitutions depuis le recouvrement de l'indépendance nationale, est bafouée», regrette le PST, qui a décliné l'invitation d'Ahmed Ouyahia à prendre part à ces consultations. Ce parti commence, en effet, par analyser la démarche du pouvoir, dans la forme et dans le fond. Il met en cause d'abord les lignes rouges fixées aux acteurs politiques désirant émettre des propositions pour enrichir le projet de la nouvelle Constitution. «Lorsque les dispositions de l'article 178 de la Constitution, relatives aux fameuses ‘‘constantes'' nationales et les valeurs et principes fondateurs de notre société ne sont pas concernées par ces concertations et sont exclues du débat au sein du peuple algérien, on est en droit de savoir qui a décidé à la place du peuple de ces ‘‘constantes'' ? Lorsque l'on qualifie la future Constitution révisée de ‘‘consensuelle'', on est en droit de savoir qui est l'autre partie de ce consensus pour laquelle le peuple souverain doit faire des concessions», souligne également ce parti, précisant que le délai de 15 jours accordés aux participants pour fournir leur contribution «traduit le caractère expéditif de cette opération». Le PST critique également le contenu des propositions d'amendements transmises par les autorités qui, selon la même source, se réduisent à des réaménagements techniques, tel que le retour à la limitation des mandats présidentiels. «Ces réaménagements n'apportent rien de nouveau sur les questions essentielles qui préoccupent et mobilisent quotidiennement les masses populaires. Aucun progrès n'est proposé au sujet des droits sociaux tels que le logement, l'emploi, la santé, l'éducation, le pouvoir d'achat, etc. Aucune avancée n'est consacrée au sujet des droits démocratiques, tels que l'officialisation de tamazight ou l'égalité des droits entre l'homme et la femme», déplore ce parti, qui émet une série de propositions pour enclencher un vrai changement. Il demande d'abord un grand débat public, libre et équitable, permettant au peuple algérien de choisir librement le contenu de sa Constitution et la levée de toutes les entraves et les limitations aux libertés démocratiques. Le PST réitère, dans la foulée, sa demande d'élection d'une Assemblée constituante, d'adopter une Constitution garantissant les libertés individuelles et collectives. La même Constitution doit, selon ce parti, «séparer l'Etat et l'école de la religion, édicter l'égalité totale entre les citoyens, en particulier entre l'homme et la femme, et abroger toute législation inégalitaire». «Cette Constitution doit aussi imposer le respect de la diversité culturelle en instituant tamazight et l'arabe comme langues nationales et officielles», suggère le PST.