Deux attaques terroristes ont eu lieu avant-hier à l'heure de la rupture du jeûne, sur les hauteurs du mont Chaâmbi, gouvernorat de Kasserine, à 40 km de la frontière algérienne. Les deux attentats simultanés ont coûté la vie à 14 soldats tunisiens, alors que 19 blessés ont été signalés. Un terroriste a été abattu. Selon les versions recoupées du ministère tunisien de la Défense et des correspondants locaux des radios Shems Fm et Mosaïque Fm, les terroristes ont attaqué, avant-hier vers 19h20 et de manière simultanée, deux permanences de l'armée, au niveau du mont Tella sur les hauteurs de Chaâmbi, pas loin du lieu de l'embuscade qui avait coûté la vie à 8 soldats le 29 juillet 2013. Les assaillants ont utilisé des fusils-mitrailleurs de type kalachnikov et, pour la première fois, des lance-roquettes RPG. Les soldats ont réagi et il y a eu un échange nourri de coups de feu, qui a entrainé la mort d'un terroriste. Mais les autres membres des groupes terroristes sont parvenus à se replier, malgré l'arrivée de renforts et l'utilisation d'un hélicoptère. La lourde perte du côté des soldats tunisiens s'explique par l'effet surprise, la densité du feu et l'utilisation dévastatrice de lance-roquettes RPG. Neuf corps (parmi les 14 soldats tués) sont pratiquement calcinés et ont dû être rapatriés de Kasserine à Tunis pour identification. Contre l'immobilisme La multiplication des attentats terroristes meurtriers contre les unités de l'armée et des forces de sécurité intrigue la population et les experts sécuritaires. Il y a eu, le 27 mai dernier, l'attaque du domicile de la famille du ministre de l'Intérieur à Kasserine, qui a été revendiquée par Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) et qui a coûté la vie à quatre agents de sécurité. Il y a eu, également, le décès de quatre soldats de l'armée nationale, le 2 juillet, suite à l'explosion d'une mine sur le mont de Touiref dans le gouvernorat du Kef. Et surviennent ces deux dernières attaques simultanées, entrainant 14 nouveaux martyrs, qui ont été rapidement réclamés par la cellule Okba Ibn Nafaâ, section tunisienne de l'AQMI. Ces diverses attaques ont poussé les experts à mettre en doute les déclarations gouvernementales sur «la conquête du mont Chaâmbi». L'expert Nasr Ben Soltana, président de l'Association tunisienne des stratégies et des politiques de sécurité globale, juge qu'il est «grand temps de lever le voile sur ceux qui protègent le terrorisme en Tunisie». L'expert estime que «ce n'est pas normal que le porte-parole d'Ançar Charia, une structure interdite, circule librement». Il déplore également «la réticence de l'Assemblée nationale constituante à promulguer une loi contre le terrorisme après des mois de discussions». Nasr Ben Soltana ajoute : «La Tunisie ne peut réussir sa lutte contre le terrorisme, sans l'attaque frontale de ceux qui ont aidé à son installation dans le pays.» Il accuse ouvertement le gouvernement de la troïka et, notamment, le parti Ennahdha, qui avaient «comploté avec les terroristes». «Nous payons le prix de cette complaisance», conclut l'expert.Entre-temps, les Tunisiens, partis et ONG, continuent à condamner.