Selon le wali de Tipasa, le calvaire des citoyens de cette région cessera bientôt. Moult questions taraudent les esprits des populations et des responsables locaux de la région Ouest déshéritée de la wilaya de Tipasa. Le chef de l'exécutif de la wilaya, Mostefa Layadi, a insisté sur l'alimentation en eau potable (AEP) des habitants des 500 hameaux épars et des nouveaux groupes de logements ruraux réalisés ces dernières années, d'une part, et d'autre part sur l'accélération des travaux pour faire cesser les fuites d'eau qui atteignent un taux inacceptable, sans pour autant oublier de protéger le littoral de cette partie de la Méditerranée du déversement des eaux usées en construisant les nouvelles STEP à Cherchell et Bou Ismaïl. L'Algérie a ratifié la convention de Barcelone à cet effet. La société de gestion de l'eau (Seaal) hésite toujours à investir la partie Ouest, de surcroit rurale, de la wilaya de Tipasa. L'installation sérieuse de Seaal dans cette région démunie de la wilaya s'est arrêtée au stade du discours. Selon les propos du wali de Tipasa, le calvaire des citoyens de cette région cessera bientôt. Le barrage de Kef Eddir d'une capacité de 125 millions de mètres cubes, érigé en amont de la localité côtière de Damous, à une dizaine de kilomètres, a fait l'objet de plusieurs visites ministérielles. À ce jour, il n'est pas opérationnel. En effet ; l'entreprise italienne Pizzarotti Todini, chargée de réaliser ce barrage, a plié bagage . Un malentendu sur des histoires de paiement de factures et de non-respect des clauses du contrat sont à l'origine de la rupture entre l'administration centrale du secteur des ressources en eau et l'entreprise italienne. Le problème n'a pas été élucidé. Le marché du barrage de Kef-Eddir s'élevait à 7,52 milliards de dinars. Le délai de réalisation de cet important projet avait été fixé à 31 mois après la signature de l'ODS, le 5 juin 2006. Huit années plus tard, à nouveau, le ministre des Ressources en eau s'est rendu le 20 juillet dernier à Kef Eddir, dont les travaux d' achèvement ont été confiés à l'entreprise publique Cosider. L'autorisation programme (AP) allouée à ce projet après sa réévaluation a atteint 25, 4 milliards de dinars. Hocine Necib est revenu ainsi à Tipasa pour s'enquérir de l'état d'avancement des projets de son secteur. Théoriquement, le barrage de Kef Eddir devrait être terminé au mois de décembre 2014, afin de renforcer l'AEP des wilayas de Aïn Defla, Chlef et bien sûr Tipasa. «Cet ouvrage devra être terminé à fin de décembre prochain», a insisté M. Necib auprès des responsables des entreprises publiques et le bureau d'étude. «Les entreprises doivent travailler beaucoup plus durant la saison sèche car en cas de fortes chutes de pluie et de crues, le niveau des routes sera rattrapé donc, le retard sera inévitable. Tout le monde devra obligatoirement s'aligner sur le délai de réalisation de ce barrage, car il faut mesurer les impacts de cet important ouvrage et les conséquences du retard », a-t-il ajouté. Hocine Necib a affiché son scepticisme devant les explications des responsables des entreprises et du bureau d'étude. Des travaux non encore entamés sur le site, le retard dans la remise des plans de fondation et du génie civil, les traitements techniques non effectués, autant de points qui entraîneront sans aucun doute le non-respect du délai. Si la construction des logements (pour 435 millions de dinars) destinés aux familles délogées du bassin du barrage a atteint un taux d'avancement de 75%, celui du projet de déviation de la RN65 (Aïn Defla) sur une distance de 4,05 km (780 millions de dinars) est estimé à 35%, tandis que le projet de déviation du CW24 (Chlef) sur 3,75 km (466 millions de dinars) ne dépasse pas 5%. Or, ces trois projets sont intimement liés à l'avancement des travaux du barrage de Kef Eddir. L' hypothèse qui tend vers le non-respect du délai (décembre 2014) n'est pas écartée. Le ministre des Ressources en aau avait effectué une halte auparavant sur le site de Oued Sebt (Gouraya) où devait être construite une station de dessalement de l'eau de mer (SDEM) d'un capacité de 100 000 m3/jour. Un projet cher à l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil. En effet, ce dernier avait effectué une visite sur ce site à la fin de l'année 2008. Le projet avait été confié au groupe anglais Biwater et les travaux devaient débuter enjanvier 2009. La SDEM de Oued Sebt devait être achevée en janvier 2011, selon les termes du contrat. Le coût de cet investissement avoisinait les 115 millions de dollars. Plusieurs entraves se sont dressées dès l'entame du chantier ; il avait été gelé par les hautes autorités du pays ! M. Necib s'est donc rendu sur ce site, de Oued Sebt, situé à 56 km à l'ouest de Tipasa, pour poser la première pierre d'un nouveau projet d'installation d'une SDEM de type monobloc, mais d'une capacité de 5000 m3/jour. Les autorités de la wilaya avaient réquisitionné déjà une partie de la superbe plage de Oued Sebt (6 ha) pour abriter la SDEM initiale de 100 000 m3/jour. Finalement, ce sera le monobloc de 5000 m3/jour qui sera érigé sur la plage de Oued Sebt, en attendant des jours meilleurs. Sept mois, tel est le délai de réalisation de cette SDEM fixé par les concepteurs du projet. Selon les conclusions de l'étude, le monobloc augmentera la capacité totale de production d'eau potable à Gouraya. Le volume de production atteindra 13 000 m3/jour après la mise en service du monobloc. Une quantité d'eau potable qui favorisera, dès l'été 2015, une hausse de la fréquence de distribution au profit des populations de la ville de Gouraya (22 000 hbts) et des hameaux épars environnants. Quant au barrage de Taourira (Messelmoune) qui sera de moindre importance par rapport aux barrages de Boukourdane (Sidi Amar) et de Kef Eddir (Damous), le ministre de tutelle affirme que son inscription sera proposée pour la loi de finances 2015. Tout en reconnaissant qu'un grand travail devra être entrepris au niveau de l'ensemble des réseaux d'AEP et d'assainissement, et mettant l'accent sur l'amélioration des capacités managériales, M. Necib a déclaré : «A compter de 2015, depuis les localités de l'est de la wilaya jusqu'au chef-lieu de la wilaya de Tipasa, l'eau coulera H24, en attendant la réalisation de l'ensemble des projets inscrits dans notre programme, à savoir la construction des STEP et des barrages, la réhabilitation et la mise en place des réseaux d'AEP et d'assainissement, tous les citoyens de la wilaya de Tipasa bénéficieront de l'eau potable en H24.» L'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) et l'Office national de l'irrigation et de drainage (ONID) sont appelés à s'appliquer davantage dans leurs missions pour mieux gérer le stockage et la récupération du liquide précieux et vital, afin de répondre aux préoccupations légitimes des agriculteurs. Si Hocine Necib a exhorté les responsables locaux à anticiper les extensions urbaines qui risquent de perturber le secteur de l'hydraulique, le wali de Tipasa a quant à lui mis l'accent sur l'isolement des établissements stratégiques pour la wilaya et l'instauration des systèmes adaptés pour la distribution de l'eau, afin de ne pas pénaliser les citoyens et les quartiers. En dépit des centaines de milliards de centimes investis dans le secteur de l'hydraulique, le wali a répondu à notre question relative à une augmentation du prix de l'eau potable, qu'«elle n'est à l'ordre du jour».