-Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux, vos billets sont très partagés. Vous avez pointé du doigt le traitement médiatique en France du conflit israélo-palestinien. Trouvez-vous qu'il soit déséquilibré ? Le déséquilibre était flagrant aux premiers jours des bombardements. Dès lors qu'il s'agit d'Israël, les médias français, notamment les chaînes télévisées d'information continue, sont terrorisées à l'idée de commettre un impair qui ouvrirait la porte à des accusations d'antisémitisme. Le vocabulaire employé par les journalistes se revendiquait de l'objectivité. Or, en réalité, volontairement ou non, tout a été fait pour donner l'impression que l'Etat hébreu se défendait contre une agression perpétrée par les Palestiniens. On vend au téléspectateur français l'idée d'une guerre classique où deux camps de force égale se font face. Ce qui est, bien sûr, totalement faux. -Qu'est-ce qui vous a aussi révulsé ? On a eu droit à des dizaines de reportages à propos de la peur des roquettes artisanales du Hamas qu'éprouvent les populations civiles israéliennes, mais rien ou presque sur le quotidien des Ghazaouis. A la télévision française, le Palestinien ne parle pas ou peu. Il crie, il fouille les décombres, il pleure, mais on ne lui tend que très rarement le micro. Un autre biais de la couverture médiatique concerne, bien sûr, celle concernant les manifestations de soutien aux Palestiniens. Beaucoup trop de fausses informations ont été relayées comme, par exemple, celle affirmant, à tort, qu'une synagogue a été attaquée avec des cocktails molotovs. Heureusement que les réseaux sociaux permettent aujourd'hui de contrebalancer ce qui parfois s'apparente à de la propagande pro-israélienne. -Dans votre dernier billet (l'intellectuel arabe et le Blanc), vous mettez l'accent sur une forme d'aliénation intellectuelle. Est-ce un complexe ou une forme d'autocensure héritée des dictatures ? Je trouve scandaleux que l'on puisse tergiverser à propos de la forme du soutien à apporter aux Palestiniens. La détestation des islamistes et, donc, du Hamas ne doit pas servir à apporter, ne serait-ce qu'une once de justification, aux bombardements israéliens. Des intellectuels algériens ont choisi cette voie. C'est leur droit mais j'ai aussi le droit de penser que leur démarche est intéressée et qu'elle vise à plaire à certains milieux germanopratins qui savent récompenser tout intellectuel arabe qui ferait preuve d'indulgence à l'égard d'Israël.