- Y a-t-il aujourd'hui amalgame entre être pro-Palestinien et antisémite ? Oui, clairement. Et je dirais même que cet amalgame est soigneusement entretenu par les représentants d'Israël en France (ambassade et CRIF), mais aussi par l'écrasante majorité de la classe politique. Quand un Estrosi (maire de Nice, ndlr) qualifie toute manifestation de soutien à Ghaza d'antisémite, on franchit un dangereux palier. Le gouvernement, en interdisant certains rassemblements, alimente cette idée. Cet argument ne tient pas. On peut, on doit critiquer la politique des Etats quand celle-ci repose sur la domination, l'oppression, le fait colonial. Quand on tape sur Israël, ce n'est pas sur les juifs, tous les Israéliens ne sont pas juifs et tous ne soutiennent pas le projet mortifère du gouvernement. Quand des Israéliens, juifs ou non, manifestent à Tel-Aviv pour soutenir la Palestine, ça en fait des antisémites ? Ce n'est pas sérieux. Ce qui gêne, c'est qu'on montre le vrai visage d'Israël : un Etat raciste et colonial, prêt à tout pour empêcher un Etat palestinien. - Votre association Observacteurs en Palestine a pour objectif de faire découvrir ce pays, ou plutôt ce territoire, aux personnes curieuses de connaître la situation sur le terrain. Dans quel état esprit reviennent-elles ? Les gens que nous emmenons ont des profils très différents, pas tous militants. Sur place, ils prennent de véritables claques. Rien ne peut les y préparer. Du coup, les rencontres, les échanges permettent de prendre du recul sur les événements. Quand ils reviennent, tous deviennent des relais, comme le demandent les Palestiniens sur place. Des militants qui, à leur niveau, font avancer la juste cause palestinienne et suscitent chez d'autres le besoin et l'envie de voir la réalité en face. - Vous êtes un élu du Front de gauche. Comment percevez-vous la position actuelle de la France sur le conflit israélo-palestinien ? Elle est en dessous de tout. La première réaction de François Hollande a probablement été rédigée par Netanyahu lorsqu'il prétend qu'Israël a le droit de se défendre. Il a fallu plus de 400 morts pour que Fabius parle enfin de massacres. La France commerce avec Israël, des soldats franco-israéliens participent aux massacres de Ghaza. Ils devraient se voir retirer leur nationalité. La France doit clairement condamner la politique israélienne. Mais qu'attendre d'un Parti socialiste qui depuis trop longtemps voit la question de la Palestine sous le prisme israélien ?