En dépit de la situation d'insécurité qui règne en Tunisie, les Algériens préfèrent toujours y passer leurs vacances. Selon un chiffre qui nous a été communiqué par les services de la Police algérienne des frontières (PAF), plus de 20 000 sorties ont été enregistrées durant la première semaine du mois d'août. Un flux intense enregistré notamment au niveau des deux postes de Bouchebka (900 sorties par jour) et Ras El Ayoun (2000 sorties par jour). Avec un degré moindre au poste d'El Méridj ou à Bétita, à l'extrême sud de la wilaya de Tébessa. Ces Algériens venus des quatre coins de l'Algérie, fuyant la canicule, veulent changer l'air pendant une bonne semaine avant la rentrée sociale sur les belles plages de Sousse, Hammamet, au marché de poterie de Nabeul, ou encore au centre de thalassothérapie à Mehdia palace. Des bons signes de la reprise de l'activité touristique, après le soulèvement populaire de janvier 2011, où le secteur qui représente l'une des principales ressources du pays a subi un coup dur, enregistrant une régression de plus de 50%. «Je n'ai pas visité la Tunisie depuis 2010, cette année et malgré la situation sécuritaire déplorable, j'ai décidé de passer une bonne décade à Hammamet», a dit un émigré algérien originaire de Aïn Beida, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi. «Cela évoque chez moi les années 2004 et 2005, où le tourisme en Tunisie avait atteint son paroxysme», nous a déclaré un douanier tunisien. C'est le grand retour des touristes algériens en Tunisie. Un million est attendu d'ici la fin de l'année pour franchir les frontières. Un programme dédié aux Algériens concernant l'amélioration des conditions d'accueil et la qualité de service a été tracé par le gouvernement tunisien, selon la direction de l'Office national du tourisme tunisien. Sécurité «Il faut faire taire les mauvaises langues, c'est la paix en Tunisie», a affirmé un chauffeur de taxi tunisien. Malgré cela, les Algériens qui partent en Tunisie sont plus prudents à cause de la situation sécuritaireé dans ce pays frère, notamment dans le gouvernorat de Kasserine. Certains de ces touristes évitent même de franchir les frontières de nuit et surtout le poste de Bouchebka pour ne pas passer à côté du mont Chaâmbi, fief d'un groupe terroriste qui a perpétré des attentats contre des militaires tunisiens. «Tout va bien en Tunisie, notamment dans les villes côtières où le calme règne, et les Tunisiens sont toujours aussi accueillants», a dit un jeune. Déception Contrairement aux années précédentes, cette saison estivale en Tunisie est caractérisée par la cherté des loyers. Pour certains Algériens au budget moyen, ce fut la grande déception. Hassen de Constantine nous dira : «J'ai cherché désespérément une maison convenant à mon budget, mais en vain, ma famille et moi étions obligés de retourner en Algérie.» Sans doute que cette flambée est due aux Libyens qui affluent en masse quotidiennement, fuyant la dégradation de la situation sécuritaire dans leur pays. Pour Ahmed, un enseignant de Bir El Ater, lui a dû écourter son séjour et rentrer en Algérie à cause de la cherté de la vie en Tunisie, notamment sur le littoral. Pour les Algériens qui optent pour la location de maisons au lieu de chambres dans des hôtels, les prix demeurent exorbitants en comparaison avec les années précédentes, où la location d'une maison au bord de la mer et avec toutes les commodités ne dépassait pas les 70 dinars tunisiens la nuitée ; aujourd'hui ce prix a doublé. Les Algériens qui avaient l'habitude de passer leurs vacances en Tunisie ont été mis, cette année, devant le fait accompli. Une flambée des prix des produits alimentaires a également été ressentie. «Les prix, c'est du jamais vu !» se plaint un Algérien rencontré la semaine écoulée alors qu'il rentrait de Tunisie. «Si cette situation perdure, d'ici deux ans aucun Algérien n'ira en Tunisie», a conclu son accompagnateur.