Le chef d'état-major de l'armée libyenne a relayé l'appel du nouveau Parlement pour un cessez-le-feu immédiat. Une lueur d'espoir commence à se dessiner à l'horizon avec une accalmie relative sur tous les fronts durant ces derniers jours. Depuis l'installation du nouveau Parlement, la semaine dernière, à Tobrouk, la tension entre les belligérants a relativement baissé sur le terrain, aussi bien à Tripoli qu'à Benghazi. Il faut dire que toute la communauté internationale a salué l'entrée en service de cette instance élue, considérée comme le dernier espoir en Libye. Des voix se sont même élevées pour juger criminels et passibles de la Cour pénale internationale, ceux qui essaient de contrecarrer les décisions du Parlement. Les islamistes ont été acculés à la défensive à la suite de cette entrée réussie du Parlement, ils ont dû dépêcher une délégation auprès de l'Union européenne à Bruxelles pour défendre leur point de vue. En effet, ils avaient à justifier leur absence à Tobrouk, surtout qu'ils sont accusés de tous les maux de la Libye. Il faut souligner que l'appel du Parti de la justice et de la construction, bras politique des Frères musulmans libyens, au boycottage des réunions de Tobrouk, n'a pas trouvé d'écho. Le 4 août dernier, 173 députés (sur les 188 élus) ont assisté à la réunion inaugurale du Parlement libyen. 158 membres ont participé à l'élection du bureau de la Chambre. Donc, il n'y a pas de quoi pavoiser, côté islamiste. Place à la diplomatie La semaine dernière, en parallèle avec l'entrée en fonction du nouveau Parlement, le chef du gouvernement intérimaire libyen, Abdallah Thaney, s'est déplacé à Washington pour assister au Sommet afro-américain. Il a saisi cette opportunité pour rencontrer le secrétaire d'Etat, John Kerry, la représentante US à l'ONU, Susan Rice, et l'ambassadrice américaine à Tripoli, Deborah Jones. Abdallah Thaney est rentré avec un soutien américain à l'autorité légitime de la Chambre des députés, même si les Américains veulent associer les islamistes au pouvoir. «Les Etats-Unis sont contre la violence en Libye et favorables au respect des décisions de la Chambre des députés», avait dit Kerry, ce qui est considéré comme une victoire diplomatique pour Thaney. Du côté de l'ONU, un nouveau représentant spécial a été nommé à la place de Tarek Metri, qui n'est pas parvenu à désamorcer la crise. L'Espagnol Bernardino Leon a été chargé de ce dossier explosif. Il est vrai que M. Leon est un fin connaisseur de la région, vu qu'il a été, de juillet 2011 jusqu'à fin juin 2014, l'envoyé spécial de l'Union européenne au sud de la Méditerranée. Le diplomate espagnol est optimiste concernant les perspectives en Libye. «Ce n'est ni la Syrie, ni l'Egypte et encore moins la Somalie. Les Libyens ne veulent pas de guerre dans leur pays et il y a une volonté réelle de compromis chez une majorité parmi eux», a-t-il notamment dit à des médias espagnols. Bernardino Leon va, lui-aussi, négocier avec la Chambre des députés et le gouvernement Thaney. Après ces positions exprimées par l'UE et les USA, les islamistes ont senti qu'ils ont perdu beaucoup de points sur le terrain diplomatique, d'où leur saut en catastrophe à Bruxelles pour essayer de sauver les meubles. Accalmie sur le terrain Au niveau militaire, la tension a baissé sur tous les fronts, notamment à Tripoli, durant les derniers jours, surtout après l'appel de la Chambre des députés à un cessez-le-feu, même si cette instance élue n'a pas encore un véritable pouvoir sur les belligérants et les forces armées officielles. «Le déplacement à Tobrouk du chef de l'état-major libyen, le général Abdessalem Jadallah, afin de rendre compte de ses activités à la Chambre des députés, est un succès très significatif pour le pouvoir législatif», a souligné le politologue Mansour Younes, ex-membre du Conseil national de transition, dans une communication avec El Watan. «Le général Jadallah a lui-même lancé aujourd'hui un appel au cessez-le-feu immédiat à l'intention de toutes les forces relevant de l'état-major, ce qui signifie son allégeance à l'autorité de la Chambre des députés», a ajouté le politologue, en précisant que «les forces du Bouclier de Libye, qui sont en train d'attaquer l'aéroport de Tripoli et les postes de police à Benghazi, relèvent de l'autorité de Jadallah.» «Vont-elles appliquer les consignes de leur chef ?», telle est la question que se pose Mansour Younes. Concernant une possible intervention internationale en Libye, le professeur Younes a écarté cette éventualité. «La situation est tellement complexe que seuls les Libyens peuvent la gérer», a-t-il indiqué.