Poète voyageur à la parole intarissable, Abderrahmane Zegout est un habitué des cafés littéraires, du Marché de la poésie, des Salons du livre à Paris et autres rencontres européennes. Orateur à l'éloquence puissante, directe et sachant s'adresser à la foule, Abder excelle aussi dans les présentations publiques à la manière de Si Mohand U' Mhand, son idole. Avec 11 recueils de poésie à son actif, dont Errance, fulgurance et Le vagabond céleste, publiés aux éditions l'Harmattan, ce jeune natif d'Ifigha (Tizi Ouzou), qui vit dans l'hexagone depuis 1999, peut se targuer d'un bon parcours en France, pays de grande tradition littéraire où sont publiées quelque 50000 œuvres poétiques. Ecrits dans un style simple et compréhensible, ses poèmes ont obtenu une juste reconnaissance de la part des lecteurs et des hommes de culture français. D'ailleurs, bon nombre de ses recueils sont préfacés par des écrivains-journalistes et illustrés par des artistes peintres connus et reconnus outre-mer comme Micheline Masse, peintre-artiste française, décorée par l'ancien président Pompidou. La journaliste Emmanuel Galiero dans une préface intitulée «Abder Zegout, poésie et courage», résume la muse de cet ancien comptable : «Ceux qui ont eu la chance de croiser la route du poète Abder Zegout partagent certainement les mêmes sentiments de joie et de respect. La joie de la poésie d'abord. Celle qui vient frapper à votre porte pour vous rappeler la force et la beauté des mots. Celle qui vous dit en murmurant ici, quelque part sur la terre, entre les ruelles de Paris et celle de Kabylie, que ces mêmes mots s'affranchissent toujours des frontières parce qu'ils s'adressent au cœur des hommes. Puis la joie de la liberté. Celle qui coule dans les veines de celui qui ose le désert en fixant son regard vers l'autre, vers l'inconnu, vers l'étranger avec lequel il partage ses poèmes comme d'autres aiment partager le pain». L'écrivain Didier Davoust note pour sa part : «Abder, par la force des choses, s'est retrouvé sans papiers. Mais il rachète cette précarité avec ses ‘‘cent'' papiers. Oui, Abder, saltimbanque aux cent papiers qui vous soulagera de vos maux avec ses bons mots. Abder, poète saltimbanque de la vie quotidienne qui distribue ses textes poétiques dans les lieux les plus insolites, les plus divers : métro, commissariats, cafés, restaurants, manifestations. Il est toujours à l'affût de l'occasion, pour, avec ses poésies, ses cent papiers, sensibiliser à la cause des Sans-papiers ! Vagabond céleste de l'époque actuelle, nouant ici et là de nouveaux liens de communication. Ses textes parlent d'amour, d'amitié et préparent au ré-enchantement du monde avec de nouvelles perspectives. La poésie à elle seule est un passeport, une carte de séjour, pour habiter, circuler !... Saltimbanque de la société actuelle, Abder vous ouvrira d'autres horizons de vie. Abder le poète ne baisse pas les bras. La poésie est une école d'espoir-espérance de vie». Dans un autre papier consacré au poète, le site français Média Part dissèque le dernier livre de Zegout : «Aux Editions l'Harmattan, le poète Abder Zegout installe Fulgurance, son dernier recueil, au rang des grands poèmes du monde. Il dénonce l'horrible inhumanité du pouvoir algérien qui a conduit plusieurs générations d'Algériens dans l'errance ou la folie. Nulle fatalité dans leur conduite perverse, mais des motifs narcissiques, maladifs. Il dénonce l'éternel retour de l'anomie. Il témoigne avec une très haute sensibilité, la reproduction d'êtres malheureux et déréglés que les institutions déviantes algériennes engendrent. Que peut-il faire, lui, le poète ? Attaché à ses racines kabyles, son écriture est faite de larmes, de colère mais aussi d'amour». De passage à Tizi Ouzou où il se ressource auprès des siens, Abderrahmane Zegout a rendu visite à la rédaction de notre bureau pour nous parler de ses œuvres et de ses projets. Outre un roman en gestation, il prépare un livre qui évoque les artistes kabyles intitulé Des pavés dans les villages. Une façon à lui de rendre hommage aux grands maîtres de la chanson kabyle, anciens et modernes. Très attaché à sa terre natale, Abderrahmane Zegout avait produit un CD de poésie et un autre dédié à la musique traditionnelle kabyle (Idhebalen).