L'animateur de l'émission «Tarik Essalama», Mohamed Lazouni, a insisté, hier à Alger, lors d'une conférence intitulée «Le rôle des auto-écoles dans la réduction des accidents de la route» sur l'importance de l'éducation comme «base du comportement du conducteur». Intervenant lors de cette conférence, organisée par l'Ugcca -aile Souilah- et la Fédération nationale des auto-écoles, Mohamed Lazouni a appelé à la mise en application dans le cursus scolaire des dispositions relatives à l'éducation routière. Tout en soulignant que dans d'autres pays l'éducation routière est enseignée comme matière de base dans les écoles, il regrettera le fait que de telles dispositions (la loi 87-06 relative à l'éducation routière) existe en Algérie, mais qu'elle n'est pas appliquée à ce jour par le ministère de l'Education nationale. Mohamed Lazouni considère, par ailleurs, que le permis à points, tel qu'il est conçu aujourd'hui, est loin d'être applicable. Il n'omettra pas pour ce faire d'énumérer les différentes incohérences du système, parmi lesquelles l'absence d'une instance de justice pour trancher les litiges. «C'est tout simplement l'équivalent d'un casier judiciaire», ironise-t-il. Pour lui, pour que «le point soit retiré, il faut que l'affaire passe en justice et que le magistrat décide de sa soustraction». «C'est arbitraire et unilatéral de faire enlever des points par une instance autre que le juge», estime-t-il. L'ancien «chorti el mekhfi» souhaite plutôt «le retour des tribunaux de simple police». Cela dit, l'ancien officier de la DGSN et spécialiste de la sécurité routière s'en prendra par ailleurs à la presse qui, selon lui, «ne traite pas de façon objective», les informations relatives aux accidents de la route. «Il y a moins d'objectivité dans le traitement des accidents par la presse, qui signale le nombre de victimes, mais ne met pas en évidence l'évolution du parc automobile et l'augmentation de la population», estime-t-il. Mohamed Lazouni n'a pas manqué, par ailleurs, de blanchir les auto-écoles dans le drame routier. «L'auto-école forme, mais n'éduque pas» rappelle-t-il. Il défend aussi le chauffeur, car à ses yeux «celui-ci est victime lui aussi du fait qu'il n'a pas été éduqué». Sur un autre plan, Lazouni, comme pour baisser le nombre d'accidents de la route, propose la prise en charge par l'Etat du permis professionnel. Il appelle dans ce cadre à revoir le système d'attribution du permis transport en commun. Tout en mettant l'accent sur le fait que «30 à 35% des accidents sont dus à la somnolence des conducteurs», il a d'ailleurs exigé le retour des «convoyeurs». Le président de la Fédération nationale des auto-écoles, Ahmed Zinedine Aoudia, réfute la responsabilité qui est faite aux auto-écoles dans le drame routier. Il impute cela, lui aussi, au «manque d'éducation» des conducteurs. Ceci en rappelant le rôle des auto-écoles qui est limité à la «formation» des conducteurs. Abordant la question des examinateurs, un créneau qui connaît, selon l'orateur, une carence par rapport au nombre des auto-écoles qui augmente sans cesse, Aoudia fera savoir que les quelque 200 autres déjà existants, en plus de 94 autres d'ici septembre prochain, ne sont pas suffisants. Le responsable de la fédération en réclame encore 500 autres pour pouvoir répondre au nombre d'auto-écoles existantes. Yahia Belhadj, président de l'Association des victimes des accidents de la route, appelle de son côté les pouvoirs publics à la mise en place d'«une politique cohérente» des victimes du terrorisme routier.