Le grand acteur égyptien disparu, Ahmed Zaki, sera au centre de la 8e Biennale des cinémas arabes, organisée par Magda Wassif, dans le superbe cadre de l'Institut du Monde arabe à Paris, du 22 au 30 juillet. Une rétrospective de dix longs métrages est dédiée à Ahmed Zaki, lequel tient le rôle principal du film d'ouverture Halim, de Shérif Arafa, une biographie du chanteur légendaire Abdelhalim Hafez. Alors que le public parisien verra les films de la rétrospective d'Ahmed Zaki sur grand écran, le soir, sur le parvis de l'IMA, Halim sera montré dans la grande salle devant les centaines de personnalités et invités de marque à la séance d'ouverture de la 8e Biennale le 21 juillet. Né en 1929 dans le petit village de Halawat, diplômé en 1948 de l'Académie de la musique arabe, entré en 1952 à la radio du Caire, le « boulboul brun » (Abdelhalim Hafez) a interprété des centaines de chansons populaires et patriotiques. Il a joué dans 16 longs métrages fiction. Il est mort le 30 mars 1977 dans un hôpital à Londres des suites d'une longue maladie. Le film Halim réalisé par Shérir Arafa a été déjà montré à Cannes dans le cadre du marché du film et a reçu un accueil favorable de la part de la critique arabe. On s'attendait à voir un film sombre, triste (puisque Ahmed Zaki, qui joue Halim, était à la fin de sa vie). En fait, c'est plutôt une œuvre franchement légère, anecdotique sur le parcours du grand chanteur. Et Ahmed Zaki dans son travail d'acteur écarte toute amertume. Il reste ici aussi un artiste unique et modeste, précis et inspiré. Chez son fils aussi (qui joue Halim jeune) transparaît le même talent. Décédé le 27 mars 2005, Ahmed Zaki a laissé le souvenir d'un acteur hors-norme et qui, comme Abdelhalim Hafez lui-même, a eu un succès populaire retentissant. Le grand réalisateur Mohamed Khan (dont certains films sont montrés à la Biennale cette année) le comparaît à Robert de Niro. Mohamed Khan a tourné six longs métrages avec Ahmed Zaki (dont le film sur Sadate) et se souvient que Ahmed Zaki, comme de Niro, était un acteur instinctif, sans technique particulière, qui campaient tout de suite ses personnages. Mohamed Khan dit aussi que Ahmed Zaki avait cassé les barrières de couleur en Egypte. Avant lui, les acteurs très bruns ou carrément noirs de peau ne campaient que les petits rôles de domestiques, de « baouabs » ou de chauffeurs de maître. Immensément populaire à la télévision aussi, Ahmed Zaki a joué le rôle historique de Taha Hussein dans la série tirée Al Ayam (les jours). Au cinéma, ses rôles de premier plan sont très nombreux dans des chefs d'œuvre tels que Al Bidaya de Saleh Abou Seif, Chafika oua Metwali de Ali Badrakhan. Alexandrie pourquoi ? de Youcef Chahine, Le rêve de Hind et Camélia de Mohamed Khan et dans d'autres films signés Rafaât El Mihi, Atef et Tayeb, Khaïri Bishara, Yahia El Alami... Le projet du film sur Abdelhalim Hafez est d'Ahmed Zaki lui-même. Il a travaillé avec deux scénaristes Abdessalam Amin et ensuite Mahfouz Abderrahmane. « J'ai beaucoup de choses en commun avec Abdelhalim Hafez, disait Ahmed Zaki : on vient du même village, je me suis baigné dans la même rivière que lui. Et on pêchait le gros poisson à la main. Il y a des choses du destin qui nous lient. » Ahmed Zaki disait aussi : « Abdelhalim est un vrai succès du point de vue artistique, patriotique, romantique et politique. C'est un cas rare. Il existe plusieurs similitudes entre nous en ce qui concerne notre enfance, notre jeunesse, notre souffrance et certaines idées artistiques. J'ai toujours tenu à jouer des rôles importants pour nos sociétés arabes et Halim a incarné la même ampleur socio-politique sur le plan de la chanson. »