Mettre les mots sur les maux. C'est ce qu'a fait le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, hier, lors d'une visite dans la wilaya de Boumerdès. Mohamed Aïssa en a, semble-t-il, gros sur le cœur à cause de l'image que se font les non-musulmans de l'islam à travers le monde. Le ministre estime qu'«il est temps d'engager un débat sérieux sur l'avenir de cette religion et le rôle que doivent jouer la mosquée et l'imam dans la société». «Aujourd'hui, en Algérie, la plupart pensent qu'il y a deux religions ; celle de l'Etat et celle de l'opposition. Or, l'islam n'a pas de couleur et nous devons le pratiquer tel qu'il nous a été transmis par nos ancêtres», a-t-il indiqué devant des dizaines d'imams en tenues «pas très algériennes», lors de l'ouverture de l'Année de la culture islamique au centre éponyme de Boumerdès. Conscient des dangers qui guettent le pays en raison de ce qui se passe sur la scène régionale, le représentant du gouvernement a longuement évoqué la voie à suivre pour éviter la dérive, en insistant sur la nécessité de «pratiquer l'islam qui inculque l'amour de la patrie». Le ministre s'est même adressé, sans toutefois les nommer, à ceux qui sont tentés par les mouvements djhadistes qui sèment la terreur dans plusieurs pays arabes. «Les Algériens ne doivent pas penser qu'il peut y avoir un autre Etat islamique en dehors de celui de leur pays», a-t-il lancé, en appelant les imams à s'impliquer pour résoudre les problèmes qui rongent la société. «Vous devez être à l'écoute des gens et les éclaireurs des autorités publiques. Comme il est attendu de vous de diffuser le sentiment d'appartenance à cette nation», a-t-il déclaré avant de les inciter à utiliser les centres islamiques comme espaces de débat sur les questions qui taraudent l'esprit des gens. «Ces centres doivent être des relais entre la mosquée et la société et peuvent contribuer énormément à la promotion de notre islam et à lutter contre les courants extrémistes», a-t-il expliqué. Mohamed Aïssa a souligné que les imams algériens sont très demandés en Europe pour la simple raison qu'ils prônent la tolérance et le respect d'autrui, quelles que soient sa religion et son origine. Lors de sa visite, le ministre a assisté au lancement d'une session de formation en management au profit de 48 directeurs de son département. Cette formation se déroulera du 21 au 27 du mois en cours au Centre national de productivité et de développement industriel (Inped). Selon M. Aïssa, les imams algériens exerçant en Europe suivront prochainement des cours de langues étrangères pendant un an afin de mieux communiquer avec leurs interlocuteurs. Le ministre a annoncé par la même occasion que la loi régissant les associations religieuses sera amendée incessamment afin qu'il n'y ait plus de conflit entre elles et les imams sur la manière de gérer les mosquées.