Après l'arrêt du chantier, un bureau d'études allemand est chargé de refaire l'étude de faisabilité du CET de Réghaïa. Le train à destination de Réghaïa et Thénia sera en retard de 15 minutes». Cette phrase est, depuis quelque temps, devenue monnaie courante à la gare d'Alger. Dès que la voix de la SNTF s'élève annonçant une énième perturbation, une grande colère s'empare des voyageurs, dont la plupart sont des étudiants et des travailleurs. «C'est ma première année à l'université de Boumerdès. Ce train qui n'arrive pas est mon seul et unique moyen pour suivre mes cours et j'arrive toujours en retard», s'emporte Omar, un jeune étudiant résidant à Birtouta. Ce dernier déclare prendre le train de son lieu de résidence jusqu'à la gare Agha, pour prendre ensuite celui de Thénia. Yacine, employé à Corso, dit ne plus trouver d'excuses valables pour justifier ses retards quotidiens. «Mon patron ne me croit plus. J'ai eu beaucoup d'avertissements et une fois j'ai failli passer en conseil de discipline pour un retard de plus d'une heure», affirme-t-il. Un calvaire que beaucoup d'usagers ne peuvent plus supporter. Certains envisagent même de boycotter ce moyen de transport réputé dans le monde pour sa ponctualité. En effet, cette ligne ferroviaire très fréquentée connaît d'innombrables perturbations depuis quelques mois. Dans un communiqué officiel, la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) s'excuse auprès de ses usagers pour les perturbations occasionnées lors des mouvements de protestation sur la voie ferrée initiés par les habitants des quartiers de Bensaïdane et El Bey. Pour rappel, ce mouvement de colère, qui remonte à décembre dernier, avait pour motif la réalisation d'un Centre d'enfouissement technique (CET) à Réghaïa dans la périphérie de ces deux quartiers et de la voie ferroviaire. D'après l'APC de Réghaïa, ces dommages sont évalués à plus de 2,3 milliards de dinars. Dans son communiqué, la SNTF déclare avoir augmenté de 40% la fréquence du trafic ferroviaire, soit 130 trains par jour, et ce, depuis le 15 septembre pour faire face à la forte demande de la rentrée sociale et universitaire. Toutefois, depuis la mise en vigueur de cette nouvelle tranche horaire, des retards flagrants et la suppression de certains trains ont été constatés. La cause principale est le manque de moyens de cette entreprise pour réparer dans l'immédiat la voie n°1 très affectée lors des protestations. Ceci, contrairement à la voie n°2 qui assure aujourd'hui, à elle seule, les voyages aller-retour. Pour assurer le bon déroulement des voyages de et vers la gare de Thénia, les deux voies sont indispensables. Pour rétablir au plus vite la circulation, la SNTF déclare dans son communiqué avoir chargé sa filiale Rail Electr pour procéder à la réparation et au rétablissement, dans les meilleurs délais, de la caténaire de la voie n°1. Ces travaux commenceront par le tronçon Corso-Thénia jugé moins affecté. En attendant, trois trains programmés durant les heures creuses entre 10 et 15h ont été complètement déprogrammés jusqu'à la réouverture de la voie endommagée. Concernant le projet du CET, le P/APC de Réghaïa, M. Mahmoudi, déclare que le chantier déjà entamé est à l'arrêt. «Un bureau d'études engagé par le ministère de tutelle a été chargé de refaire l'étude de faisabilité et de lui choisir le meilleur endroit. Même si nous avons déjà contacté le ministère, nous n'avons reçu aucune décision ou courrier quant à l'annulation du projet», conclut-il.