Entre le début de l'année et le 15 septembre 2014, plus de 2500 personnes ont péri en mer. Un cimetière à ciel ouvert. Plus de 21 000 personnes sont mortes en Méditerranée, en tentant de rejoindre l'Europe, ces 26 dernières années. Une estimation effectuée par Amnesty International dans son dernier bilan rendu public avant-hier, «Migrants et réfugiés en péril en Méditerranée : Des vies à la dérive». «Entre 1988 et le 15 septembre 2014, 21 344 personnes sont mortes en Méditerranée alors qu'elles tentaient de gagner l'Europe», note le rapport. Des milliers de migrants prennent ce risque chaque année. Sur des embarcations de fortune, ils naviguent en quête d'une vie meilleure. Ils ne rêvent pas grand : juste un emploi, un logement, un quotidien plus ou moins stable dont l'Europe offre le mirage. Entre 1998 et 2013, 623 118 réfugiés et migrants sont parvenus irrégulièrement sur les rivages d'un pays de l'UE. Un peu moins de 40 000 par an en moyenne. «En l'absence de voies sûres et légales permettant de gagner l'Europe, accepter le risque de périr noyé en Méditerranée est le prix que de nombreux réfugiés et migrants doivent payer pour espérer accéder à l'asile ou à des perspectives d'emploi», explique le rapport. Ils sont de plus en plus nombreux à mourir en Méditerranée. Des chiffres en hausse qui donnent froid dans le dos. Particulièrement ceux concernant 2014. Alors qu'en 2011, le nombre de victimes s'élevait à 1500 environ. On en a compté autour de 500 en 2012 et plus de 600 en 2013. Les chiffres ont explosé cette dernière année. «Entre le début de l'année et le 15 septembre 2014, ce sont plus de 2500 personnes qui ont péri en mer, dont plus de 2200 depuis le début du mois de juin. Près de 2% des personnes qui ont tenté la traversée en 2014 se sont noyées», révèlent encore les estimations d'Amnesty International. A l'origine, le verrouillage des frontières Les conflits et les persécutions au Moyen-Orient et en Afrique, les privations économiques et le verrouillage des frontières terrestres seraient à l'origine de cette hausse vertigineuse. En 2013, 48% de l'ensemble des entrées irrégulières dans l'UE et 63% des entrées irrégulières par voie maritime ont été le fait de personnes venant de Syrie, d'Erythrée, d'Afghanistan et de Somalie, des pays ravagés par des conflits et des violations des droits humains de grande ampleur. Durant les huit premiers mois de 2014, environ 40% des personnes arrivées en Europe de manière irrégulière par la zone centrale de la Méditerranée étaient des Erythréens (23 %) et des Syriens (17 %). L'organisation à l'origine du rapport pointe un doigt accusateur sur l'Europe. «Le présent document est un résumé du rapport ‘Vies à la dérive'. Il fait valoir que tant que des itinéraires sûrs et légaux permettant aux réfugiés et aux migrants de gagner l'Europe ne seront pas mis en place, la priorité pour l'UE et ses Etats membres doit être de protéger la vie des personnes qui tentent la traversée et de garantir l'accès à la procédure d'asile à celles qui en ont besoin. Il faut renforcer le dispositif de recherche et de sauvetage de l'UE et revoir le système de Dublin.» On ne connaîtra jamais le nombre exact de victimes, car beaucoup de corps ont disparu en mer, précise le rapport qui préconise l'ouverture de voies sûres et légales pour faire baisser le nombre de morts en mer.