Nous avons quitté notre maison depuis dix jours. Je ne sais pas si elle est encore debout. Je n'ai pas de nouvelles du reste de ma famille restée au sud du Liban », lâche Ahmed, Palestinien, 39 ans. Avec sa femme enceinte, sa mère et ses cinq enfants, il a fui le Sud-Liban pour la banlieue sud de Beyrouth avant de se retrouver dans la bande frontalière après trois heures de trajet à haut risque. « On ne veut pas entrer en Syrie, car on espère revenir dans notre pays et rejoindre les nôtres. D'ailleurs, on préfère revenir mourir dans notre pays », poursuit Ahmed. « Plusieurs dizaines de Palestiniens qui ont fui le Liban, entre 600 et 800 réfugiés, sont coincés à la bande frontalière. Il semble que leur statut pose des problèmes administratifs. Mais globalement, les Syriens ont fait montre d'une grande souplesse », explique une source humanitaire à Damas. « Ne pas aller à Damas, ne pas retourner au Liban, quel calvaire ! », commente Haoua, volontaire du Croissant-Rouge palestinien de l'hôpital de Yarmouk, le camp de réfugiés non loin de Damas. Hana, Rami et les autres volontaires apportent l'assistances médicale à Jdida Yabous, tandis que le Croissant-Rouge arabe syrien s'occupe de l'aide alimentaire. Enfants souffrant d'aveuglement ou devenus sourds, dysenterie, diabète, hypertension artérielle en plus des conditions de vie ici : dormir dehors, pas assez de sanitaires, etc. « La situation est difficile », soupire Fouad Badr, médecin au Croissant-Rouge palestinien qui poursuit : « Mais les gens ont une volonté de fer et nous répètent qu'ils préfèrent mourir au Liban-Sud que de rester des réfugiés. » « Des Palestiniens ayant fui l'Irak durant les dernières violences se sont retrouvés coincés dans certains postes frontières. Ici au moins, les Syriens nous aident », raconte Rami. « Mais sur les frontières irakiennes, ces réfugiés représentent exactement les réfugiés de 1948 », poursuit -il. A Jdida Yabous, à une demi-heure de route de Damas, les réfugiés, palestiniens ou libanais, ne cessent d'affluer. « Que Dieu détruise Israël et qu'il rende victorieux Nasrallah ! », crie en pleurs une jeune femme à bord d'un minibus. Selon le Croissant-Rouge arabe syrien (CRAS), le seuil de 10 000 réfugiés venus du Liban est largement dépassé et on s'attend à recevoir une nouvelle vague de 4000 réfugiées dans les jours qui viennent. « Si la situation perdure, il est probable d'installer des camps », nous dit-on au siège damasien du CRAS. Les dons algériens, pilotés par l'ambassade d'Algérie et une mission du ministère de la Solidarité, du Croissant-Rouge algérien et de l'Union des médecins algériens, ont été bloqués aux abords du poste frontalier de Chtaura, régulièrement bombardé par les Israéliens.