Le projet de la révision de la Constitution semble être mis en berne en l'absence prolongée du Président. Absence prolongée du président Bouteflika, silence sur le chantier de la révision constitutionnelle, incertitudes sur le remaniement ministériel et déclarations contradictoires des responsables des partis proches du pouvoir. Ce sont quelques faits qui relancent, à trois mois de la fin de l'année 2014, le débat autour de la question de qui gouverne en Algérie. Les acteurs de l'opposition qui ont ressuscité, il y a quelques jours, la problématique de la vacance du pouvoir, semblent confortés dans leurs positions. Pour plusieurs raisons. La première est que le pouvoir donne l'impression d'être dans une véritable impasse qui l'a contraint à mettre en veille prolongée ses principaux chantiers, notamment celui avec lequel les responsables du régime ont justifié la quatrième mandature du président Abdelaziz Bouteflika : la révision de la Constitution. Ce projet a été d'ailleurs au centre de la campagne électorale menée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour le compte du président-candidat. Il était présenté comme étant le projet qui «révolutionnera la pratique politique en Algérie». Lors de la cérémonie de prestation de serment, le président Bouteflika avait appelé à «une révision consensuelle de la Loi fondamentale du pays». Il s'était engagé par la même occasion à procéder à cette révision avant la fin de l'année en cours. Il a chargé, à l'occasion de la première réunion du Conseil des ministres, le chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, de mener les consultations avec la classe politique. Entamé début juin dernier, ce nouveau round de dialogue avec la classe politique, durant plus d'un mois, n'a pas été à la hauteur des espérances. En l'absence de l'opposition ayant boycotté, en majorité, cette initiative, ces consultations ont été qualifiées de «dialogue du pouvoir avec lui-même». La qualité des convives et de leurs propositions ne semble pas plaire au clan présidentiel qui a reproché, selon certains titres de la presse nationale, à Ahmed Ouyahia de «n'avoir pas fourni suffisamment d'efforts pour convaincre les différents acteurs de l'opposition à contribuer à ce projet». Cela justifie-t-il le silence sur le projet ? A-t-il été abandonné ? On n'en sait rien pour l'instant. Mais la future Constitution, si elle voit le jour, ne sera pas «consensuelle» comme le souhaite le régime. C'est pourquoi des partis proches du pouvoir et acquis au quatrième mandat demandent l'organisation d'un nouveau round de consultations avec la classe politique. Le second fait qui renforce aussi la conviction des acteurs de l'opposition est la guéguerre autour du contrôle du gouvernement. Devant les reports successifs du remaniement ministériel, annoncé via le canal officiel du régime qu'est la rumeur, partisans et courtisans du pouvoir s'impatientent. En effet, des rumeurs concernant un remaniement ministériel ont fait le tour d'Alger depuis début septembre dernier. Elles ont même gagné les différents départements ministériels, mettant ainsi les ministres dans l'expectative. Il n'en est rien jusqu'à présent. Ne voyant rien venir, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, qui avait pourtant soutenu l'installation d'un gouvernement «de technocrates», sort de sa réserve. Il réclame, depuis quelques jours, la chefferie du gouvernement sous prétexte que son parti est majoritaire au Parlement et dans les différentes institutions élues. Saadani sait, pourtant, que la désignation du Premier ministre, en vertu de l'actuelle Constitution, ne relève pas du Parlement. Pourquoi fait-il alors cette demande ? A-t-il reçu des instructions dans ce sens ? En tout cas, sa sortie n'est pas innocente. C'est peut-être un signe témoignant des rivalités qui s'exacerbent au sommet du pouvoir à cause des incertitudes sur l'état de santé du président Bouteflika.